« T’es trop jeune pour comprendre »
Phrase que chaque enfant se fait répondre lorsqu’il veut prendre place dans une conversation barrée à double tour par les adultes. Impossible de déchiffrer leurs propos qui semblent pourtant des plus intéressants. Les jeunes versus les vieux, qui a bien pu créer la confrontation de ces univers. Deux mondes complètement différents dont la route vers la porte d’entrée de l’intimité est à sens unique.
Lorsque j’étais dans la fleur de l’âge, rêveuse et évidemment plutôt idiote, je ne pouvais me retenir de tendre l’oreille à toute les fois que mes parents ouvraient la bouche. Je voulais littéralement m’infiltrer dans leur réalité qui m’avait l’air plus que parfaite. Leurs secrets se devaient de faire partie des plus confidentiels s’ils ne pouvaient m’en glisser un mot.
L’étape de la puberté approche, nous nous sentons très près du milieu des adultes. Plus que quelques années et nous y serons. À cet instant, les parents mettent l’emphase sur la communication. Ils veulent tout savoir sur notre vie dans les moindres détails. C’est le devoir du jeune adolescent de se dévoiler à ses géniteurs. Manque de confiance et de liberté certains diront. Je ne crois pas. Selon moi, ceci n’est que pour la protection et c’est très bien comme ça. Pourtant, ce qui gâche cette belle initiative c’est que, sans même s’en rendre compte, leur fameuse théorie fonctionne encore que d’un seul côté.
Plus tard, nous y sommes enfin. Rentrés dans leur société. Il n’y a pas de nombre exact, pas d’évènement précis et il n’y aura pas de grande cérémonie pour nous l’annoncer. Seulement, lorsque ce moment se présente, nous le sentons. À l’heure actuelle, nous saisissons le sens des phrases que les plus jeunes ne peuvent pas déchiffrer. Nous ne sommes plus obligés de leur demander de nous expliquer parce que ce qu’ils disent semble plutôt clair. Ils ne se cachent plus pour parler et ne font plus attention aux choix des mots utilisés. Maintenant nous ne sommes plus trop jeunes pour comprendre.
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Comme on dit, il faut être patient pour obtenir ce que l’on souhaite. Et croyez-moi j’ai toujours désiré ce moment. Mais dans ce cas-ci, une fois que je l’ai eu, je n’en voulais plus. En entrant dans ce tourbillon, j’ai eu un sentiment de mal-être. Comme si j’offrais à mon petit voisin ma poupée Barbie emballée dans une boîte d’auto téléguidée. Cette émotion-là…un cadeau empoisonné, un ennui mortel. Plus je les écoutais parler, plus je m’en foutais.
En y réfléchissant, mis à part le mystère, l’environnement des adultes ne possède rien que les enfants doivent envier. Être plus vieux était, à mon avis, synonyme de maturité et d’honnêteté. Pourtant, ce monde bourdonne d’hypocrisie et de tromperie. Et non, je ne me mélange pas avec la communauté des adolescents. La nuance est mince. Atteints l’âge adulte, ces derniers font maintenant semblant. Ils ont trouvé de nouvelles méthodes. Ils jouent un rôle et ils sont excellents. Tellement parfaits qu’ils réussissent à se croire eux même. De méchants bons acteurs!
C’est une fois rendu à la ligne d’arrivée que je me demande si je veux bel et bien la franchir et faire dorénavant partie de ce monde artificiel. Eh bien non! Cependant, je ne reviendrai pas sur mes pas. Il n’est pas question que je recule. Seulement, je vais me permettre de faire un léger détour. Ceci est peut-être la bonne façon de rencontrer de nouvelles personnes qui m’aideront à éclaircir mes pensées. Et, avec de la chance, je pourrai tracer mon propre chemin.