La prise de décision

Ça s'est passé le 15 janvier 2016, soit la date limite pour les demandes d'admission à l'Université de Montréal. Ce soir-là, j'ai choisi de ne soumettre aucune demande. Ce fut probablement la décision la plus ardue qu'il m'ait été donné de prendre. Jamais, au grand jamais, je ne me serais crue capable de prioriser autre chose que mon éducation. La scolarité est une chose si profondément ancrée en moi, qu'elle en est presque venue à me définir. C'en était trop. J'ai eu envie de vivre autre chose, d'arriver à me découvrir autrement, de développer d'autres aspects de ma personnalité. J'en avais assez de passer mon temps à me donner corps et âme aux études. D'autant plus que j'étais incertaine de la direction que je voulais que celles-ci ne prennent. Alors je l'ai fait, le grand saut. Cette soirée-là, plutôt que de remplir mes demandes universitaires, j'ai fermé mon ordinateur et, non sans un élan d'anxiété, je suis allée me coucher.

zone de confort

Source: Freddie-Marriage via unsplash.com 

Contrairement à ce que j'avais espéré, je ne me suis pas réveillée avec une illumination, une certitude que j'avais fait le bon choix. Je n'ai jamais été certaine que c'était la bonne décision. Je ne pouvais pas l'être tant que je n'avais pas goûté à cette liberté que j'avais choisie. J’étais donc livrée à moi-même et je devais apprendre à composer avec mon choix, celui de faire de mon avenir une grande page blanche. La seule certitude que j’avais à ce moment-là, c'était que j'avais désormais un voyage à préparer. Car oui, il me fallait partir. Ce n'était absolument pas envisageable pour moi de rester un an à Montréal. J'avais maintenant une année entière à ma disposition, je pouvais en faire ce que je voulais, j'allais donc m'assurer de la rendre inoubliable. À ce moment-là, j'avais une liste infinie de toutes les destinations qui m'interpellaient, mais il m'a fallu faire un choix et celui-ci s'est arrêté sur l'Australie.

Le cheminement psychologique
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Source : Austin Neill via unspash.com

Bien sûr, me sont venus tous les moments d'angoisse reliés à cette audacieuse décision. Relatons les faits: je partais seule, de l'autre côté du globe et ce, pour plusieurs mois. Il y a de quoi s'inquiéter. C'est normal et même que ça fait partie de l'expérience. Aujourd'hui quand je repense à tous les soucis que je me faisais, ça me fait sourire. En réalité, ce qui nous fait peur, c'est l'inconnu. C'est de ne pas savoir à quoi on aura affaire. C'est de perdre nos points de repère, quitter nos habitudes et sortir de notre petite routine qui, malgré nous, nous apporte une forme de réconfort. C'est dans ces moments d'incertitude que notre imagination s'en mêle, et elle ne nous ménage pas.

Aujourd'hui, je réalise que je n'avais aucune raison de m'en faire, mais je suis contente d'avoir fait face à ces inquiétudes, aussi injustifiées étaient-elles. Elles m'ont poussée à sortir de ma zone de confort, à affronter mes peurs mais, surtout, à comprendre qu'on peut en tirer tout un lot d'émotions et que chacune d'elles vaut la peine d'être vécue.

Le résultat


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Source : Averie Woodard via unspash.com

Aujourd'hui ça fait trois mois que je suis en Australie. Trois mois de liberté, trois mois de décisions de dernière minute, trois mois que je me risque dans des aventures que je ne me serais jamais imaginée vivre. Ca fait aussi trois mois que je me pousse à sortir de ma zone de confort et que j’ose faire les choses qui m'ont toujours fait peur.

Et je me dois de l'avouer, je ne me suis jamais sentie aussi vivante.

J'ai goûté à la liberté et j'y ai pris goût. J'ai décidé que certaines choses méritaient d'être vécues, malgré nos inquiétudes, malgré notre réticence. Certaines fois, il faut savoir les mettre de côté et se permettre certains écarts, se permettre de vivre. Tellement d'expériences sont manquées parce qu’elles nous semblent trop risquées, parce que l’idée de les accomplir nous fait un peu frémir. Jusqu'à ce qu'on admette que les émotions que peuvent nous apporter ces aventures surpassent amplement celles que pourraient provoquer les risques auxquels on les associe. C’est à ce moment qu’enfin, on s’accorde la vie.

Autrefois, je ne franchissais jamais ma zone de confort. Je restais dans ma sécurité et je m'y plaisais. Jusqu'à ce que je me rende compte du monde qui existe à l'extérieur des normes, à l'extérieur du sentier pavé. J'ai accompli tellement de choses depuis que je me suis permis mon premier écart à la ligne droite, depuis ce moment où j’ai décidé de fermer mon ordinateur et d’aller me coucher.

Aujourd'hui je me risque à me lancer dans l’inconnu.

Aujourd'hui, ça fait trois mois que je suis en Australie et je suis capable d’affirmer que c’était la meilleure décision que j'aie pu prendre dans ma vie.

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