La reine est morte, vive le roi?
Non. Pas dans ma tête à moi. En fait, je n'aurais pas plus crier vive la reine il y a quelques semaines. Que la monarchie existe en Angleterre ne me dérange guère, ça m'indiffère. C'est un beau spectacle pour mes magazines à potins dans ma réalité à moi. Par contre, quand on demande aux élus de l'Assemblée nationale de prêter serment au roi, j'ai un profond malaise. La boule se forme dans la gorge quand on me dit que nous sommes des sujets du roi. Je me sens... colonisée. Je me sens comme un peuple de deuxième rang, là pour servir le roi d'Angleterre. Nous sommes en 2022, le Canada est un pays depuis belle lurette et je ne saisis toujours pas, à ce jour, pourquoi nous demeurons attachés à la couronne.
Certes, je comprends que le Canada a été (et est toujours) une monarchie constitutionnelle dont le roi est le souverain, mais n'est-ce pas le temps de changer cela? N'est-ce pas le temps de devenir une république? Selon un sondage de la firme Léger, seulement 1% des Québécois pense que le roi fera un meilleur règne que sa mère. 1%, ce n'est rien. Le même sondage avance que 15% des répondants se sentent attachés à la monarchie. C'est loin de la note de passage ça. Pourquoi ça ne change pas alors que 83% des francophones voient la monarchie comme inutile selon la même étude (le chiffre descend à 54% au sein des anglophones).
Parce qu'on n'y pense pas. Soyons honnêtes, avant de lire à ce propos ce matin, jamais je ne pensais être le sujet d'un roi. Cette phrase est, pour moi, tout droit sorti d'un livre d'histoire. Est-ce parce que les Québécois apprennent davantage l'histoire de la France que celle de l'Angleterre? Peut-être. Est-ce parce que ça ne change pas grand chose dans notre quotidien? Sûrement.
Aujourd'hui, de nombreux artistes et personnalités ont lancé le mouvement #monserment qui vise à encourager les élus à porter serment de manière différente cette année, mais surtout de ne pas porter serment au roi dans une optique de voir le Québec comme une république plutôt qu'une monarchie constitutionnelle. Naturellement, le Québec étant une province du Canada, ces actions ne vont pas influencer le cours des choses au pays, mais ça peut réveiller des esprits un peu partout au pays et amener des élus à se poser la question : qui est-ce que je sers réellement avec mon travail? Ce mouvement a été lancé, notamment, par Sébastien Ricard. Il n'est toutefois par le premier à aller en ce sens. Paul St-Pierre Plamondon avait aussi déclaré qu'il ne prêterait pas serment au roi d'Angleterre. Rien d'étonnant ici puisqu'il est indépendantiste. Je pense toutefois que ceci n'est pas qu'une question d'indépendance, ça nous touche peu importe notre position sur le sujet. Il serait facile et paresseux de dire que ce n'est qu'une revendication des séparatistes.
Je crois, au contraire, que cela touche tous les Canadiens et qu'avec l'arrivée d'un nouveau monarque, c'est le bon moment de se poser la question : suis-je un sujet du roi d'Angleterre?