La pièce Royal, présentée au Théâtre Jean Duceppe, est basée sur le roman du même nom de l’auteur Jean-Philippe Baril Guérard, qui a d’ailleurs remporté le Prix littéraire des collégiens en 2018. J’ai eu la chance d’assister à la Première de la pièce et je vous partage aujourd’hui mes impressions! Mais d’abord, voici l’intrigue:
«À la faculté de droit de l’Université de Montréal, tous les coups sont permis. Si tu veux un beau poste à la fin de tes études, il te faudra un beau stage au barreau, et si tu veux un beau stage au barreau, ça te prendra une belle moyenne au baccalauréat, et si tu veux une belle moyenne au baccalauréat, tu devras casser des gueules. Parce qu’ici, on ne s’élève pas au-dessus de la mêlée en étant gentil·le. Être gentil·le, c’est se vautrer dans la médiocrité, et tu piétines la médiocrité. Tu es là pour dominer la montagne, et le début des cours signifie le début du carnage.»
Crédit photo: Rugicomm
Premières impressions
D’abord, j’ai beaucoup aimé le thème de la pièce. N’ayant pas étudié en droit, j’ai apprécié en connaître davantage sur l’impitoyable «course aux stages» et sur les impacts que celle-ci peut avoir sur les étudiants. C’est vrai, dans certains domaines, la compétition à l’université est tellement féroce que ça en devient toxique. Et l’auteur a réussi à nous transmettre cette réalité avec cynisme, finesse et humour.
On y suit le personnage principal, Arnaud, qui rêve de décrocher un stage (et éventuellement, un poste) dans un grand cabinet de droit des affaires. Il se trouve toutefois pris au piège entre ses ambitions et la cruelle réalité de cette course aux stages, durant laquelle tous les étudiants sont en compétition. Le parcours d’Arnaud ne se passe pas comme prévu, notamment parce que sa moyenne scolaire, à la première session, est bien en-deçà de ce qu’il espérait.
Le thème, donc, réussit à nous interpeller et à nous accrocher. Le spectacle est également plutôt physique, avec beaucoup de danse incorporée, et l’ensemble des acteurs sont sur la scène pratiquement tout au long de la pièce de 1h30. Il n’y a donc pas vraiment de temps morts, ce qui permet de garder notre attention.
J’ai également bien aimé le jeu des acteurs en général, tous de jeunes finissants des écoles de théâtre.
Crédit photo: Rugicomm
Thèmes explorés
Avec pour trame de fond les grandes ambitions des étudiants en droit, plusieurs sujets sont abordés durant cette pièce: on y parle notamment de dépression, d’agression sexuelle, de suicide, de consommation de drogue, d’amour, de compétition malsaine, bref, on ratisse large.
Cela dit, 1h30, ça passe vite. J’ai personnellement trouvé que certains sujets méritaient qu’on s’y attarde davantage, plutôt que de passer rapidement à une autre scène. Également, l’histoire d’amour entre Arnaud et sa copine Aurélie, étudiante en médecine, manquait peut-être un peu de chaleur ou d’authenticité, pour qu’on réussisse à y croire réellement.
Malgré ces minimes bémols, Royal est une pièce qui mérite d’être vue. Elle nous amène à nous questionner sur la place de la compétition malsaine dans certains milieux (ici, celui du droit), et surtout, sur la pression excessive exercée sur des étudiants. Est-ce nécessaire de les pousser à bout, alors qu’ils sont encore de jeunes adultes, en train de définir leur personnalité?
Crédit photo: Rugicomm