Tout au courant de ma vie, je me suis demandée si j'étais normal. J'avais l'impression que tout me prenait plus de temps à faire: incapable de terminer un examen en même temps que tous les autres ou ça me prenait le double du temps afin de lire un paragraphe, puisque j'avais perdu ma concentration plusieurs fois en cours de route. Aujourd'hui, du haut de mes 21 ans, je suis capable de dire haut et fort sans crainte que je souffre d'un TDA. J'ai décidé qu'il n'allait pas définir la personne que je suis, mais qu'il allait la compléter. C'est une partie de moi, mais ce n'est surement pas mon tout.
Lorsque j'étais plus jeune, j'avais de la difficulté à comprendre pourquoi chaque bruit autour de moi me dérangeait. Pourquoi lors d'un examen, j'avais les yeux partout sauf sur ma copie ? Heureusement, j'avais des parents à mon écoute qui ont tout de suite compris mon problème. J'ai reçu une prescription d'un certain médicament portant le nom de Concerta. J'étais tellement dans ma bulle que je n'avais pas conscience de ce qui se déroulait autour de moi. C'était l'effet recherché, j'étais finalement apte à me concentrer. Au secondaire, c'est une autre histoire. Les hormones, les changements d'humeur bref la puberté en général sont à leur apogée. Le Concerta avec tous ces changements qui s'effectuaient en moi, ce n'était pas un bon mélange. Coupure de l'appétit, insomnie, anxiété, bref, j'ai abandonné le projet.
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Je ne voulais pas dépendre de quelque chose afin de m'aider à mieux fonctionner. Donc j'ai décidé à partir de ce moment de trouver mes propres solutions. La majorité des écoles jusqu'au niveau universitaire fournissent des plans d'adaptation afin d'aider les élèves souffrant de ces troubles dans leur apprentissage. C'est comme se sentir dans une petite communauté, parce que ce fameux trouble n'est pas visible de l'extérieur. C'est lorsque j'ai parlé avec d'autres personnes que je me suis rendu compte qu’il y a vraiment plus de gens qu'on pense qui le vivent.
Le plus dur selon moi, c'est de l'expliquer à quelqu'un qui ne vit pas cette réalité. La pire chose à faire est de commencer à se comparer aux gens autour de nous. La majorité répond qu'ils ne comprennent pas ou qu'ils n'ont jamais vécu ce genre de chose. Ce genre de commentaires personnellement me rendaient encore plus insécure que je l'étais déjà. J'essayais si fort de ne pas me comparer à mes amies. On dirait que tout était si simple pour elles. J'avais l'impression d'être quelque peu incomprise et anormale.
Aujourd'hui en regardant mon parcours et mes accomplissements, je me dis que, finalement, je ne suis pas si pire que ça. C'est frustrant par moments, mais c'est quelque chose qui nous rend uniques. Il faut apprendre à travailler autrement, se trouver des trucs et à la fin de la journée, être fier de soi.
J'ai appris à m'accepter comme je suis et juste ce petit déclic apporte une différence considérable à mon quotidien. Je me suis forgée avec mes propres ressources et je suis fière de ce que je deviens. J'ai arrêté d'être si dure ou frustrée envers moi-même et la vie est plus facile de cette façon.