Traumavertissement: Violence verbale, psychologique et physique à l'endroit d'un enfant. Violence familiale. Des ressources sont disponibles à la fin du texte.
Plus souvent qu’autrement, les discussions entre amis prennent des tournures bien surprenantes. Et lorsqu’on tente de faire le lien entre le début et la fin, on se questionne agréablement sur comment tout ceci a bien pu déraper. Les prochaines lignes exposent bien ce phénomène.
« J’ai revu la semaine dernière un vieux film que je n’avais pas visionné depuis longtemps, racontais-je à mon ami. Je me souvenais des scènes principales, mais pas des autres. Je les avais un peu oubliées. Et, tu sais quoi? Le film m’a fait réaliser que, dans la vie, il ne fallait pas jeter de la bouffe. Donc, maintenant, je ne laisse aucune miette dans mon assiette après chaque repas. »
« Lol! Moi je n’ai pas besoin d’un film pour savoir que je ne dois pas jeter de la bouffe, me répondit-il. »
« Mais oui, je le sais bien. Je n’avais pas besoin de ce film aussi pour savoir ça, je rigole! »
« Non, non, attends tu vas comprendre. Quand j’étais jeune, un jour, on devait partir quelque part pour la journée en famille, mais je devais terminer mes pâtes avant tout. Cette journée-là, je ne voulais rien savoir des pâtes, je n’avais pas envie de les manger. Et voilà que mon père commença à me crier dessus pour que je termine rapidement, car tout le monde m’attendait. Ça ne le faisait pas, j’étais têtu. C’est alors qu'il prit ma tête et l'enfonça dans mon plat, en hurlant que je ne mangerai rien d’autre de la journée. Et effectivement, je n’eus le droit à rien jusqu’au lendemain. Donc la nourriture, je la termine maintenant.
Des histoires comme ça, j’en ai plein! La fois où il m’avait demandé de faire de petits travaux à la maison… je ne te raconte pas les coups que j’avais reçus! Ou encore la fois quand il voulait me frapper avec une pelle! Par chance, j’avais réussi à m’enfuir cette fois-là. Non! La meilleure, c’était quand il m’apprenait à conduire. J’étais au volant, faisant n’importe quoi j’imagine, lorsqu’il me demanda d’arrêter, exaspéré qu’il était de ma conduite. Il sortit de la voiture, vint du côté conducteur et me demanda d’ouvrir la fenêtre. Chose que je fis avec crainte. Il m’empoigna, m’arracha de mon siège pour me jeter hors du véhicule sur le bord de la route. Et il démarra en me laissant là. J’ai dû rentrer tout seul à la maison. »
« Wow… tu as de beaux souvenirs de ton papa toi… »
« Tu sais, même si ça fait quatre ans que la maladie l’a emporté, il me manque toujours autant. Malgré ses accès de colère et de violence - entre nous, je suis sûr qu’il avait une maladie mentale, il n’était pas bien - il m’a montré beaucoup de choses. C’est grâce à lui que je suis la personne que je suis aujourd’hui. Il était bien plus que mon père : c’était mon meilleur ami. D’ailleurs, je n’avais pas d’amis à l’école: je passais tout mon temps avec lui. Pas parce que je n’avais pas le choix : c’était tout ce que je voulais, être avec lui.
Par contre, j’aurai bien voulu que les choses se soient passées différemment entre nous deux. Personne ne devrait subir de telles violences, encore moins un enfant ou un adolescent. Même s’il n’était pas bien, ce n’était pas une excuse pour autant. »
Source image: Unsplash
Plus tard dans la journée, j’ai repensé à cette discussion. Et je me suis dit que j’étais non seulement chanceux de pouvoir manger à ma faim ce que je voulais, quand je le voulais, mais que j’étais aussi chanceux d’avoir encore mes parents de ce monde, parents qui se sont tendrement occupés de moi. Aucun lien à priori entre les deux points… aucun lien? Je n’en suis plus si sûr. Quoiqu’il en soit : mon bac de compostage se remplit moins vite ces jours-ci. Et j’essaie, autant que possible, de profiter de chaque moment avec ceux qui m’ont permis de ne jamais manquer de rien.
Pour le film, c’était Le Pianiste.
Ressources
- Aide immédiate : Appelez le 9-1-1.
- Pour les jeunes, il est possible de clavarder avec un professionnel de Tel-Jeunes par courriel, ou par téléphone en composant le 1-800-263-2266.
- Jeunesse, j'écoute : Appelez au 1-800-668-6868 ou visitez leur site Internet.
- Pour tous, il est possible de communiquer avec Tel-écoute par téléphone au 514-493-4484 (Grand Montréal), ou auprès de Tel-Aide par téléphone au 418-686-2433 ou, sans frais, au 1-877-700-2433 (Capitale-Nationale, Bas Saint-Laurent, Gaspésie, Île de la Madeleine). Pour connaître le centre d’écoute de votre région, consultez l’Association des Centres d’Écoute Téléphonique du Québec.
- Vous pouvez aussi consulter la page web du gouvernement Canada concernant la violence familiale. Elle vous donnera des idées de personnes ressources avec lesquelles vous pouvez vous confiez et allez chercher de l'aide.