Si tu avais la garantie de n’être jamais jugé, quels que soient tes choix et ton apparence, ferais-tu les choses autrement? Agis-tu en fonction de ce que la société semble t’imposer? Si tu vis dans le regard et l’opinion des autres, pose-toi cette question : si j’étais complètement seul, est-ce que je ferais – ou ne ferais pas – ce que je suis en train de faire?

Le choix de rester soi-même… ou pas

Un jour, j’ai demandé à une collègue pourquoi elle ne venait jamais au bureau sans maquillage. (À noter qu’on travaillait dans le web, on ne vendait pas de cosmétiques ou de vêtements et on ne voyait que très rarement des clients.) Ça faisait deux ans qu’on travaillait ensemble et je ne l’avais JAMAIS vue au naturel. Elle m’a répondu qu’elle se sentait moins professionnelle sans maquillage. Toutefois, si elle travaillait de la maison, elle ne passait pas tout ce temps devant le miroir.

Étrange, non? C’était pourtant le même travail et les mêmes habiletés. Rien n’avait changé, sauf son environnement. C’était donc, peut-être inconsciemment, une habitude qu’elle avait développée pour garder une certaine image en public. Mais laquelle, et pourquoi? Et pourquoi s’imposer des choses seulement parce que quelqu’un risque de nous regarder ou nous juger? Personnellement, nous, on s’en foutait vraiment qu’elle soit chixée ou pas.

femme d'affaire dessinSource image: Pixabay

Je connais aussi quelqu’un qui connait quelqu’un qui ne ramène pas ses restants du restaurant parce que ç’a l’air cheap, ça fait pauvre. Donc ce monsieur se soucie de l’opinion de gens qui ne le connaissent pas et qu’il ne reverra probablement jamais. S’il y a quelque chose qui me passe 10 pieds au-dessus de la tête, c’est bien ce que font les gens que je ne connais pas du tout! Mais combien de personnes agissent comme ça, au détriment de leurs propres intérêts (le monsieur avait payé sa bouffe, on s’entend…)?

Quoi que tu fasses ou ne fasses pas, quoi que tu dises ou ne dises pas, les gens auront leur mot à dire. Plus que jamais, tout le monde a une tribune (allô les réseaux sociaux), et bien souvent c’est pour critiquer de manière négative et tout à fait gratuitement. Chacun a son moment de gloire non-glorieux. Prenant pour acquis qu’on ne s’en sort jamais « indemne », pourquoi ne pas faire les choses pour toi seulement? Tant que ça ne blesse personne, pourquoi ne pas faire passer tes intérêts et tes envies en premier?

Pour toi ou pour les autres?

Je me suis donc interrogée sur les choses qu’on fait juste parce qu’on vit en société et qu’on sent une certaine pression sociale : faire disparaitre le blanc dans nos cheveux, atténuer nos rides, avoir recours à la chirurgie esthétique, se blanchir les dents, porter des talons hauts, se rentrer la bedaine… À mon avis, ce sont toutes des choses qu’on ne ferait pas s’il n’y avait personne pour nous admirer ou se moquer de nous. Quand on y pense, si j’étais seule sur une île déserte, ça me servirait à quoi que j’aie des belles dents blanches et droites qui m’ont coûté la peau des fesses? J’avoue que mon exemple d’île déserte est un peu poussé à l’extrême, mais tu comprends mon point!

Alors que ces exemples relèvent de l’apparence, qu’en est-il des questions plus profondes? Des pressions qu’on laisse agir sur nous et qui influencent notre vie, comme garder un emploi qui ne convient pas et nous rend malheureux, rester en couple avec la mauvaise personne, acheter des choses bien au-delà de nos moyens juste pour fitter, ne pas avouer son homosexualité, avoir des enfants quand on n’est pas certain que c’est la bonne chose pour nous, s’empêcher d’aller vivre ailleurs ou voyager autour du monde pendant des mois, ne pas suivre nos passions, et tellement d’autres choses…

Je ne parle pas de faire une folie pas possible et laisser tomber tes enfants pour aller faire des trips de jeunesse non accomplis, mais je parle d’actions que tu fais ou ne fais pas par peur du jugement ou par pression. Le genre de chose que ta petite voix se tue à te répéter, que tu ignores (tout en combattant) et qui finit par te ronger et t’affecter profondément. Et parfois te rendre malade.

femme chaine brisée libertéSource image: Pixabay

Mon expérience personnelle

Après le secondaire, je ne savais pas quoi faire. On m’a fortement conseillé de m’inscrire en sciences au Cégep. Je détestais les maths, la chimie et la physique. Je savais très bien que je n’allais pas faire carrière dans ce domaine. Je suis pourrie là-dedans! Mon intérêt était plutôt du côté des communications et des langues étrangères. Mais je me suis laissée influencer au lieu d’écouter ma petite voix. Je savais très bien, intérieurement, que ça ne fonctionnerait pas. Mais j’ai quand même essayé, avec beaucoup d’acharnement, de passer au travers. ÉCHEC.

La session suivante, je me suis inscrite au DEC en langues. Et si j’avais vraiment exploré toutes les options sans me faire influencer, j’aurais peut-être fait un DEP ou travaillé un peu avant de m’embarquer dans un programme d’études post-secondaires (parce que je ne tripais vraiment pas tant que ça sur l’école).

J’ai quand même poursuivi à l’université, parce qu’on m’avait un peu lavé le cerveau comme quoi les études supérieures, « c’est mieux ». Pourquoi? J’ai compris plus tard que c’était pour le prestige. Parce que ça parait bien. (Aux yeux de qui?!) Je ne dis pas que je regrette mon diplôme universitaire, loin de là. Mais je crois que sans la pression, j’aurais peut-être opté pour quelque chose de complètement différent. Par chance, j’ai toujours l’option de retourner à l’école si l’envie me prend. Mais parfois, je ne peux pas m’empêcher de me demander quel genre de vie j’aurais eu avec un choix de carrière différent.

Réfléchir dans sa bulle avant d’agir

Maintenant, quand je prends une décision, j’essaie de faire taire toutes les voix (réelles ou non) et je me demande : « si j’étais seule, qu’est-ce que je ferais? » Lorsque tu auras à prendre une décision ou que tu remettras en question certaines de tes habitudes, demande-toi ce que tu ferais si tu étais sur une île déserte, complètement seul.

ile déserteSource image: Unsplash

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