Lorsqu’on voit quelqu’un en béquille avec un plâtre ou en chaise roulante, on le sait que cette personne est blessée. Ça se voit, on ne se pose aucune question.
Lorsqu’on voit une madame avec un chien-guide, on comprend instantanément que cette personne a un trouble de la vision.
- Ah ouais, elle est aveugle.
C’est inné comme déduction. Mais lorsqu’on voit une madame avec un chien d’assistance psychiatrique, ce n’est pas toujours évident et on peut parfois éprouver un air de recul, sombrer dans l’incompréhension.
Pourtant, l’handicap est bel et bien là.
Sauf qu’il est invisible.
Il y a tellement de différents troubles et maladies mentales : trouble de la personnalité limite (TPL), trouble d’anxiété généralisé (TAG), trouble panique (TP), trouble de stress post-traumatique (TPST), trouble obsessionnel compulsif (TOC), trouble de l’attachement (TA), etc. Je ne saurais tous les nommer moi-même ayant pourtant une liste assez exhaustive, car il y en a tellement que ça te prendrait un doctorat pour tous les nommer, les comprendre et les détecter.
Ce sont toutes des étiquettes qui ne sont pas imprégnées au visage du passant dans la rue, de la caissière au supermarché, de ton professeur de sociologie.
J’ai eu un fémur fracturé et je peux te dire que ça fait un mal de chien, un mal indescriptible, mais que, contrairement à certaines douleurs, la souffrance passe.
D’autres perdurent même « si le temps (est censé) arranger les choses ».
Je me bats chaque jour contre une bête plus forte que nature. Je pense qu’elle commence à me vaincre.
Je suis sans cesse prise entre cette envie de mourir et celle de vivre.
Sans cesse au bord du gouffre.
Récemment, je me suis retrouvée dans le néant à courir sans n’avoir nulle part où aller. Il y avait beaucoup trop de directions inconnues, de routes pénibles sans fin. Les quartiers furent déserts, mes cris me revenaient en écho.
J’étais plongée dans un profond brouillard et je sentais que mon corps se dissociait un peu plus de mon esprit chaque seconde.
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Les gens me quittent, car je m’accroche à eux comme des bouées de sauvetage. J’ai tellement peur de l’abandon que je force inconsciemment les gens à rester.
Mais je sais que c’est mal. Mais c’est tellement plus fort que moi.
Et au final je me retrouve encore plus seule.
« C’est pour ton bien », m’a-t-il dit avant de quitter ma chambre me laissant seule avec cette envie de me détruire.
Je l’ai laissé entrer dans ma vie, car j’en avais besoin.
Il est parti.
J’ai voulu qu’il ressente la douleur que j’endure depuis des lustres.
Égoïste? Je n’en sais rien.
Je me retrouve de nouveau confrontée aux mêmes démons.
Ils font bien moins mal lorsque je suis accompagnée, mais ils finissent toujours par réapparaitre, bien plus forts, lorsque je retombe les pieds sur terre.
Je suis capable de rouler à vélo, mais j’ai sans cesse besoin de cette personne à côté de moi au cas où je chuterais.
Je suis capable de marcher, lorsque j’ai une main que je peux attraper.
J’ai besoin d’un pansement à mon âme.
Je suis une adulte et j’apprends pourtant encore à marcher.