Les villes dans lesquelles nous résidons, les quartiers que nous habitons, les maisons dans lesquelles nous vivons ne se résument pas à des simples pieds carrés et à des superficies servant à être maximisées pour engranger le plus de profit possible comme le perçoivent promoteurs et investisseurs immobiliers. Ce sont avant tout des milieux de vie, des environnements dans lesquels nous évoluons, nous grandissons et nous bâtissons nos familles. Avec la flambée actuelle du marché, bien des contracteurs, des agents immobiliers et, je ne le crains, des municipalités, font fi de l’urbanisation contrôlée et esthétique pour simplement construire plus, plus vite, plus cordé et plus bas de gamme, pour aller chercher le plus de taxes et de revenus possibles.
Le plus aberrant, c’est que tous ces soi-disant écoquartiers et ces nouveaux développements publicisés comme verts sont en réalité de vastes déserts bétonnés qui ont été complètement déforestés. Au lieu de construire avec la nature, avec les particularités de chaque parcelle de terrain, on fait table rase pour ensuite tout niveler d’un coup et peut-être obtenir un arbre gratuit à planter, gracieuseté de la ville, une fois la maison finie et le compte de taxes payé. Comme ça les urbanistes se sentent mieux et les projets peuvent être dit écologiques, avec les habitants heureux de recevoir un arbre gratuit, alors que leur lopin en était rempli avant la venue des bulldozers et qu’ils auraient pu profiter des bénéfices d’avoir de la végétation mature à portée de yeux au quotidien.
Je comprends que la demande croit sans cesse, que les terrains se font rares et que les prix des matériaux augmentent, mais il doit y avoir d’autres manières de faire que de planter les habitations en rangs serrés dans d’anciennes terres agricoles ou zones humides à coup d’enveloppes brunes et de magouilles de politique municipale. En passant devant les Outlet à Mirabel, je ne peux qu’avoir l’image de poulaillers en rang d’oignon entassant le plus de monde possible avec vue sur grandes marques, prêt à dépenser à distance de marche. La zone où tout cela a été édifié fut protégée toute ma jeunesse et du jour au lendemain, les grenouilles n’étaient plus en danger et le milieu humide n’était plus requis. La tristesse de voir toute cette forêt mise-à-mort à l’époque était la même que celle qui me tenaille quand je roule dans les nouveaux développements des Laurentides.
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On dézone certaines des dernières parcelles de forêt vierge, près des parcs ou même en leur sein, dans lesquelles des familles parcourent les sentiers et s’évadent des océans de béton que sont leurs quartiers depuis des années. Prenons exemple sur le parc Jérôme à St-Jérôme. Ce dernier est grugé petit à petit malgré la vigile citoyenne des habitants qui se battent pour conserver ce paradis près de chez eux. À coup d’avocats véreux, d’entrepreneurs avides et d’élus irresponsables, les amants de la nature perdre la guerre une bataille à la fois. Mais ces parents, ces citoyens, ils ont raison de défendre aussi ardemment ce joyau des Laurentides. Quel enfant ne préfèrerait pas un parc en plein nature qui offre ombre et exploration infinie à une nouvelle installation en plastique sur une dalle, avec aucun arbre à l’horizon comme le proposent bien des concepts modernes?
Il en va de même pour nous tous en tant qu’humain comme pour nos enfants, nous avons besoin du beau, du calme et de l’effet apaisant que nous offre la verdure, les arbres et les plantes. Repensons aux quartiers des années 60-70 dans lesquels plusieurs d’entre-nous avons grandi, ils étaient plus verts, mieux aménagés et il faisait bon d’y vivre et de s’y promener. La qualité de vie, la mobilité, et la collectivité étaient à la base des arrondissements. Les hommes d’affaires réalisaient alors des gains, mais tout en étant fiers de leurs réalisations et des habitats créés. Est-ce que les nouveaux géants de l’immobilier québécois peuvent en dire autant en regardant les rangées infinies de maisons de ville entassées les unes sur les autres?
Le plus incroyable dans tout ça, c’est l’arrogance qu’ont les promoteurs de nommer leurs développements les jardins ceci et oasis cela ou bien le domaine untel et H20 cela. Ces noms, si on ferme les yeux, inspirent confiance, bien-être et connexion avec la nature et c’est ce qui est voulu pour nous inciter à y vivre. La réalité est toute autre, en se promenant dans certains quartiers frais émoulus, on se croirait en pleine cité parisienne sans couleur autre que le gris triste du ciment. Tout comme les études scientifiques ont démontrées l’effet néfaste chez les jeunes adolescents français provenant du manque de nature, les nouveaux projets feront de même sur le moral de nos enfants.
Surtout, qu’avec la pandémie, nous avons pris conscience de l’importance de nos milieux de vie, de nos foyers et de notre environnement dans notre bonheur quotidien et dans leur capacité à prendre soin de nous en contribuant à notre équilibre de vie et au maintien de notre santé psychologique. J’espère que nous saurons préserver nos espaces vierges et repenser notre urbanisation afin d’offrir des milieux plus sains et adéquats au bon fonctionnement et développement de nos enfants. Il nous faut des règlements clairs provenant des municipalités qui développerons des plans d’urbanisme humains et pro-environnement pour nos futures générations et le bien-être du plus grand nombre.