Celle-ci vaut la peine d’être lue jusqu’au bout.
C’est l’histoire d'un cours qui portait sur le coût du crime.
Le prof entama de cette manière une énième anecdote, une autre de ses analogies :
« Je vais vous raconter une histoire qui date d’une quinzaine d’années, alors que je commençais à enseigner. Je parlais justement à mes étudiants du coût social du crime.
Saviez-vous, leur disais-je, qu’aux États-Unis les crimes qui sont fatals, les meurtres, suicides, etc… leur coût pour la société est estimé à plus de 2 M$ par incident... pour les crimes qui ne sont pas fatals par exemple, comme les viols, le coût est estimé à 102 K$.
Je présentais donc ces chiffres, et j'allais poursuivre mes explications lorsqu’un élève leva la main pour prendre la parole :
"- Mais nous le savons bien, monsieur, elles le méritent toutes."
La salle se crispa aussitôt que les paroles de l’étudiant furent prononcées.
Nous étions bouche bée, moi le premier. Je ne savais plus quoi dire.
Bien évidemment, je perdis le fil de mes pensées. On garda ainsi le silence pendant de longues secondes… jusqu’à ce qu’une étudiante, placée à côté de l’insensé, lui répondit :
“- Tu sais, l’an dernier, je ne le méritais pas."
Cette réplique avait foudroyée la salle. Stupeur incroyable.
Nous regardions tous alternativement l’étudiante et l’étudiant, ne sachant quoi faire, ni quoi dire.
Tout avait été dit. Quoi d'autre de pire pouvions-nous entendre encore de plus?
Et bien, l’imprudent toisa l’étudiante du regard, et lui répondit stoïquement :
"- J’en doute."
Terrifiée. Mortifiée. La classe se trouvait dans un état ultra tendu, jusqu’à ce qu’un des élèves décida de rompre le silence.
Et c’est alors que le tout escalada. Les élèves commencèrent à se montrer verbalement violent envers celui qui avait prononcé ces propos choquants, les insultes fusèrent de toutes parts, et ils allaient certainement en venir aux coups si je n’avais pas décidé de renvoyer l’élève en question pour la séance.
Les jours qui suivirent se passèrent à comprendre. J’expliquai au directeur ce qui s’était passé.
Puis, par la suite, on ramena l’élève en question pour lui poser des questions, voir pourquoi il avait tenu de tels propos. Et on se rendit compte qu’il souffrait d’un handicap : il ne possédait aucun filtre, il ne pouvait pas se retenir de dire ce qu’il pensait.
Au cours suivant, je consultai les élèves, leur expliquant la situation, et je leur demandai si on devait réintégrer ou non l’élève. En lui imposant bien entendu une multitude de conditions (pas le droit de parole, de penser, de respirer même!).
Alors que j’entendais déjà des murmures de désapprobation, l’étudiante blessée se prononça :
“- Tu sais, ça ne me dérange pas qu’il revienne. S'il dit ce qu'il pense, et si on peut l'éduquer pour qu'il pense correctement, alors saisissons cette occasion pour l’aider." »
Bonté, empathie, compréhension... je vous laisse choisir.