Tiré du roman autobiographique d'Édouard Louis, cette pièce de théâtre est présentée au théâtre de Quat'Sous du 22 novembre au 10 décembre 2022. Au nom du blogue Le Cahier, j'ai assisté à la première médiatique de la pièce. 

Après des années d'absence, un jeune homme se rend dans l'appartement de son père où il découvre un homme usé par de nombreuses années de travail excessif en usine. Par un long monologue issu de ses souvenirs, le fils s'adresse à son père en se remémorant des épisodes de son enfance et de son adolescence où il raconte sa vie familiale et particulièrement sa relation avec un père alcoolique, violent et homophobe. En relatant une série d'événements, il essaie de comprendre le passé de son père parsemé de périodes de honte, de haine voire de violence, mais aussi d'affection et de tendresse à son égard. En contrepartie, le fils lui témoigne son affection et son pardon. Le fils essaie aussi d'expliquer, par les piètres conditions de travail des ouvriers et par la honte sociale des gens ordinaires, comment son père, encore jeune, en est arrivé à un tel délabrement.

Dans son livre et par conséquent dans la pièce, Édouard Louis dénonce les mécanismes de domination qui détruisent les êtres humains et leurs relations et il critique les politiciens et les politiques pour leur mépris envers les classes populaires en culpabilisant les fainéants et les marginaux. Bien que ces dénonciations soient universelles, il faut souligner que la pièce n'est pas une adaptation québécoise et qu'on fait référence au contexte de la France.

La mise en scène est assurée par Jérémie Niel et l'interprétation a été confiée à Félix-Antoine Boutin dans le rôle du fils et à Martin Faucher dans le rôle du père.

Étant généralement bon public, je dois avouer que la pièce m'a déçu. D'abord, je me demande pourquoi on a fait le choix d'adapter ce roman en pièce de théâtre et aussi pourquoi de cette façon, c'est-à-dire avec cette mise en scène. Alors qu'on nous présente un long monologue, la présence du père, bien qu'à l'écoute, m'a semblé inutile sinon parfois dérangeante particulièrement lors des passages de souvenirs émotionnels. En fait, j'aurais préféré que le fils soit seul sur scène et que la représentation du père soit faite par un montage vidéo. J'aurais aussi aimé sentir davantage la charge émotive dans les propos du fils plutôt qu'un ton monocorde et trop souvent dos au public lorsqu'il se retrouve à la table de cuisine.

Ceci dit, je reconnais le travail de Félix-Antoine Boutin pour livrer d'un seul trait ce texte pendant 1heure 45 minutes, la présence de Martin Faucher personnifiant un père bourru et détruit, et le défi que représentait la mise en scène de cette pièce.

Bref, cette pièce ne m'a pas touché comme elle aurait pu.

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