La SAAQ (Société de l'assurance automobile du Québec) a fait d’innombrable campagnes publicitaires pour montrer que conduire en étant fatigué était aussi dangereux que conduire en état d’ébriété.

J’en ai moi-même subi les contre-coups en septembre 2016, après avoir passé une nuit sans dormir et en me retrouvant derrière le volant d'une voiture.  On se dit toujours que cela ne nous arrivera pas, mais il suffit seulement d’une fraction de seconde pour que tout bascule.

En effet, le 24 septembre dernier, je n’aurais jamais dû me retrouver les deux mains derrière un volant.  À ce moment-là, je vivais sur l’adrénaline: je travaillais de soir et ensuite tôt le matin à deux endroits différents en plus d’avoir un enfant en bas âge à la maison. Étant en plus étudiant à l’université au certificat en communication, je pensais seulement à faire plus d’argent. Bref, j’avais un horaire surchargé.

Malgré la recommandation de ma conjointe de ne pas prendre la route pour le travail après avoir passé une nuit blanche à travailler, j’ai fais à ma tête et j’ai conduit.

garçon fatigué qui conduit

Source image: Unsplash

Le régulateur de vitesse affichait à 110 km/h au moment de l’accident. Je n’ai vu qu’une chose devant moi: une pancarte qui fonce vers moi et un champ.  Tout cela, en une fraction de seconde.

J’ai pensé à plusieurs choses pendant cette fraction de seconde: mon enfant et ma conjointe. Je me disais aussi que je n’avais pas fini de tout accomplir dans ma vie.

Voyant le pare-brise complètement fracassé, du sang, le toit du véhicule proche de ma tête, je ne pense qu’à une seule chose, sortir dehors.

En mettant les pieds à l’extérieur, je suis sur l’adrénaline.  Les pieds dans l’herbe longue dans un froid d’automne poignant, je tente de remonter le fossé pour retrouver deux bons samaritains qui s'étaient arrêtés en voyant l’auto foncer directement dans le champ.  J’ai vu la pancarte plier en deux sous la force de l’impact.

Les deux personnes avaient l’air surpris de me voir sortir du véhicule et remonter la colline avec aucune difficulté. Ils m’ont indiqué qu’ils avaient appelé les urgences. Entendant un bruit de liquide coulé dans l’auto accidenté, je décide de redescendre pour éteindre le moteur et ainsi prévenir tout risque.

À ce moment, je ne vois pas encore l’ampleur des dégâts sur la voiture, étant plus préoccupé par la hâte de retourner à la maison et de revoir ma conjointe et mon enfant.

Une fois les policiers arrivés, ils me posent des questions pour savoir si je textais en conduisant. J’ai dit directement, que j’étais trop fatigué et je me suis endormi au volant qu’une fraction de seconde.

Pendant qu’ils constatent la scène de l’accident et l’état du véhicule, un des policier me dit que je suis chanceux de m’en être sorti avec quelques égratignures, puisque je ne devrai pas être là en ce moment.  Le panneau est passé quelques millimètres près de moi lors de l’impact.

C’est un constat qui fût frappant pour moi.  Une fois rendu à l’hôpital de Saint-Jérôme, j’ai décrit ce qui est arrivé à la personnes de l’accueil qui faisait le tri. Je suis passé en priorité et on m’a fait tous les tests, même avec une radiographie et scanner au cerveau.  Résultats: entorse cervicale.

Je remercie l’équipe de l’hôpital qui a pris soin de moi et fait tout son possible pour trouver ce que j’avais.  J’ai quitté la journée même en après-midi.

Le médecin m’a aussi indiqué, qu’avec un tel accident, je ne devrai plus être là, que j’ai été chanceux.

Ce n’est aussi que quelques jours après, en voyant l’état du véhicule que j’ai pu mesurer l’ampleur de ce qui est devenu un tas de ferraille. L’auto n’est qu’un objet, et elle était une perte totale.

Après un accident d’auto, on dit que l’on vit sur l’adrénaline.  J’ai vécu l’inverse.  Je me suis calmé.  Mais, il arrive que je me lance dans un projet, à gauche, à droite.  Ce qui est un comportement typique à la suite d'un tel accident.

Il ne faut jamais prendre de chance, que ce soit la fatigue, l'alcool ou la drogue, on ne prend pas le volant, car il ne suffit que d'une fraction de seconde pour que le pire se produise.

 

Source image: François Mercier 

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