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L’été dernier, j’ai rompu avec ma meilleure amie. Cette amitié que je croyais indéfectible a duré près de dix ans. J’étais persuadée que notre lien résisterait à l’adversité et à l’usure du temps, mais parfois, on constate avec le recul que la personne avec laquelle on est devenu proche n’est plus celle d’avant. Croyez-moi, rompre avec une amie de longue date est beaucoup plus dur qu’une rupture amoureuse.
Au cours de notre vie, on rencontre une multitude de gens, de toutes sortes d’horizons. Selon la croyance populaire, une amitié de plus de sept ans est censée durer toute la vie. Cependant, personne ne parle du fait que les gens ne seront, de toute vraisemblance, plus les mêmes au gré du temps et des expériences. Les personnes qui font partie de notre vie aujourd’hui ne seront peut-être plus là demain. Parfois, on finit par se rendre compte qu’on est passé à autre chose, qu’on est plus rendu au même stade que l’autre, qu’on n’a plus rien en commun avec cette personne à part les années partagées ensemble.
C’est tellement difficile de réaliser qu’on n’a plus autant de plaisir qu’avant avec notre meilleure amie et c’est encore plus difficile de s’avouer qu’il vaudrait mieux s’en éloigner. Ce constat vaut aussi pour les relations amoureuses, mais en arriver là avec une amitié est encore plus troublant. Les amitiés sont un peu comme des fleurs. Il faut les entretenir, en prendre soin et être attentif. Si on les néglige, elles meurent rapidement. On peut penser que ce principe ne s’applique pas aux amitiés créées à l’école secondaire, mais c’est tout le contraire.
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À cette période de la vie, on cherche encore notre identité et nos amitiés sont cruciales, même vitales, pour passer à travers ces années de découverte de soi. Être obligé d’aller à l’école fait le travail d’entretien des amitiés à notre place, puisqu’on retrouve notre gang tous les jours de la semaine pour la majeure partie de la journée. À l’âge adulte, on s’en va étudier ailleurs, on rencontre d’autres gens et le train-train de la vie rend les occasions de se voir de plus en plus rares. Si l’on réussit à maintenir nos amitiés malgré ces inconvénients, il se peut qu’un autre facteur vienne changer la donne : on devient une autre personne.
Au secondaire, on est très souvent immatures, naïfs, un peu tête en l’air. À cet âge, c’est acceptable et tout de même normal. Puis on vieillit et on évolue. Certaines personnes plus que d’autres. Nos comportements et nos attitudes se transforment et souvent, les gens ayant un vécu plus chargé développent une certaine maturité grâce à ses épreuves. On n’est plus la même personne maintenant qu’à 16 ans, et c’est tant mieux. Sauf quand tu réalises que tes amies ne sont plus rendues au même point que toi. À force de traîner ensemble, on sent que tout est moins drôle, moins excitant, que les mêmes sujets et conversations qu’on trouvait tellement intéressants jadis ne le sont plus autant. On a développé d’autres intérêts qui ne sont pas partagés avec notre cercle.
Quand on comprend que le seul point en commun restant avec notre meilleure amie est notre passé, ça veut malheureusement dire qu’on a pris des chemins différents. Sans même s’en rendre compte, l’étincelle de ce lien qu’on pensait invincible s’est éteinte graduellement. Le signe ultime de la fin d'une amitié est quand on ne s’ennuie pas, ou presque pas, de cette personne, alors qu’avant on pouvait difficilement passer une journée sans se parler. Si on avait le choix, tout resterait comme avant. Mais ce n’est plus le cas.
Le fait de ne plus avoir de meilleure amie me pèse à certaines occasions. Il arrive que la relation que j’avais avec elle auparavant me manque terriblement. Les amitiés de longue date sont si précieuses et si fragiles. C’est encore plus vrai lorsqu’on est adulte. Se faire des amis à cet âge est plus compliqué que durant l’enfance ou l’adolescence. Je repense avec nostalgie aux bons moments, aux (més)aventures, aux confidences, aux joies, aux tristesses, aux carrefours de la vie traversés ensemble. Mais c’est ça la vie. Les gens entrent et sortent de nos vies, même si ce n’est pas ce que l’on voudrait. Peut-être que le destin fera en sorte que nos chemins se croisent à nouveau, qui sait… Mais j’ai décidé de rompre avec ma meilleure amie d’une décennie pour les mêmes raisons qu’un vieux couple : nous ne sommes plus les mêmes personnes qu’au début de la relation alors que c’est avec la personne d’avant qu’on a tissé des liens. C’est triste et douloureux pendant un certain temps, malgré cela il faut apprendre à passer à autre chose.