Il serait peut-être temps que tu arrêtes de mettre ton masque. À force d’enfiler ton sourire en te convainquant que tout va bien, tu finis par croire que tu es complètement folle d’aller mal. Mais dis-toi bien que tu n’es pas la seule à te costumer et que, si on arrêtait un peu de se camoufler, on finirait peut-être plus par se comprendre.
Tu te réveilles un matin... le cerveau explosé.
Tu es envahie par la planification, par les conversations et par la pression que tu te mets toi-même en espérant que ton costume soit bien convaincant. Tu te rajoutes une petite couche de maquillage, parce que tu sais que tout est sur le point de craquer. Tu sais que tu auras encore beaucoup trop de demandes, que tu seras au centre d’une attention que tu ne veux pas avoir et que tu seras le point d’ancrage d’un bateau que tu n’as plus vraiment envie de garder en place. Peut-être que le costume de capitaine de bateau, qui pourrait se noyer pour son navire, ne te va pas si bien que ça finalement.
Tu te réveilles un matin... le cerveau compressé.
Tu es submergée par tout ce que tu as à penser, tout ce que tu as à gérer et tout ce que tu n’arrives pas à déléguer. Tu inspires et tu expires... comme si le fait de t’écouter respirer allait changer quelque chose au fait que tu manques d’air. Tu sais que tu devras encore beaucoup trop te forcer, que tu devras faire semblant de comprendre des conversations que tu n’as pas envie d’écouter et que tu seras sollicitée... alors que tu n’as plus rien à donner. Peut-être que, si le costume de fantôme était disponible, tu te permettrais toi aussi de pas toujours être là juste pour les autres.
Tu t’excuses d’aller mal.
Tu te justifies avec la période de l’année, avec la météo, avec ton manque de sommeil... tu t’excuses d’aller mal, alors que c’est peut-être juste normal. Tu t’es vraiment bien costumée, pendant toutes ces années, mais plus le temps passe et plus la pesanteur de tes habits commence à te peser. Il serait peut-être temps que tu en enlèves des couches... avant de te faire écraser.
Tu peux te réveiller un matin avec le cerveau léger, parce que le déguisement qui porte ton nom est un costume facile à enfiler. Arrête de te sentir obligée, arrête de te censurer, arrête de toujours en faire trop, mais surtout, arrête de jouer un rôle qui ne t’était pas destiné. Tu as le droit de te sentir mal, même si ta vie est belle.
Tu as le droit de te plaindre, même si tout te réussit et ceux qui n’ont pas envie de t’entendre auront juste à enfiler le costume de fantôme pour s’en aller.
Image de couverture de Michał Bińkiewicz