Quand la maladie s'est emparée de deux membres de ta famille

Cette maladie qui te fait oublier ce passé tant précieux à tes yeux, cette maladie qui te fait oublier la famille que tu as créé, cette maladie qui te rend inapte à communiquer, cette maladie qui te fait perdre ton autonomie…

Il n’y a pas grand-chose de pire que de voir les gens que l’on aime perdre la mémoire. Ils commencent par ne plus se rappeler de la dernière fois qu’ils t’ont parlé, et sans que tu l’aies vu venir, ils ne se souviennent plus de ton nom ni de ton visage…

Se faire prendre pour un inconnu par son oncle, ou par ton grand-père, ou par ton beau-frère, ou par ton propre père, ou par ton mari adoré, c’est quelque chose que personne ne veut vivre. C’est faire face à une hideuse réalité; c’est l’enfer. Tu le sais que tu ne peux rien n’y changer. Tu vois la situation s’aggraver malgré toi, et tu te sens impuissant face aux circonstances.

Malgré tout, tu restes fidèle à cette personne que tu aimes tant. Tu en prends soin comme la prunelle de tes yeux. Tu vas la voir souvent, et tu essais de lui faire rappeler qui tu es, sans trop la brusquer, et tu tentes de la mettre à son aise, et t’espères qu’elle ne se sentira pas menacée.

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Je me souviens de la dernière fois, ‘mononcle’, où tu m’as appelé ‘la p’tite’. Tu m’as serrée fort dans tes bras, tu m’avais reconnue.

Tu ne t’en rappelles plus mais t’as de quoi être fier. Tu as su fonder et bâtir une famille solide avec un cœur en or, tu as su entretenir un mariage remplie d’amour. D’ailleurs, je crains d’éclater en sanglots dès que j’ai une pensée pour ma tante qui essaie ardemment d’aller te visiter, et t’aider à chaque jour. Je me doute à quel point ça doit être difficile et déchirant à vivre pour elle. Voir la personne avec qui tu as passé toute ta vie, dans un tel état… Et je me doute à quel point ça doit être bouleversant et douloureux à vivre pour tes enfants, et tes petits-enfants…

L’autre soir, j’ai eu cette discussion avec elle, ma grand-maman adorée, on a discuté de la vie comme de grand philosophe. Elle m’a dit : « tu vois ce n’est pas donné à tous d’être aussi proche de sa famille. Qui l’aurait cru que toi et moi nous serions ici, maintenant, en train de nous parler main dans la main, et de nous comprendre? Tu vois, tu ne sais pas ce que l’avenir te réserve, mais la clé c’est de savoir embrasser la vie comme elle vient. Ne perds jamais cet envie de découvrir, et ce sentiment d’apprécier tout ce qui t’arrive même si c’est déplorable, parce que la vie c’est une aventure à laquelle on prend plaisir à jouer. Tu vois, j’ai des petits ‘bobos’ et je sais bien que j’ai des trous de mémoire, mais c’est la vie, ça arrive! Faut faire avec! » Les yeux plein d’eau, nous nous sommes souris. On s’est dits qu’on s’aimait.

À notre réveil, le lendemain matin, elle ne se rappelait aucunement de ces belles paroles qu’elle m’avait dites la veille, mais ne t’inquiète pas grand-maman, je m’en rappellerai toute ma vie.

Elle a regardé mon chien, et m’a demandé si c’était un garçon ou une fille, et m’a demandé quel âge il avait, et m’a demandé si elle l’avait déjà vu… « Oui, mamie, elle a 9 ans et à chaque fois que j’viens ici, elle est avec moi. »

Ça commence par des petites choses comme ça, et sans que tu ne l’aies vu venir, elle ne se souviendra plus de toi…

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Si vous avez remarqué quelques changements dans le quotidien d’une personne qui vous est chère et que sa santé vous inquiète, visitez le http://alzheimer.ca/fr/Home pour reconnaître les signes précurseurs de la maladie. Soyez vigilants, en l’espace de quelques mois seulement, l’état de la personne peut se détériorer très rapidement.

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