Dans le mode de vie ultra-sain qu’inspire LeCahier, se tenir en forme avec le sport y est essentiellement impliqué. Camille et Virginie, mes responsables de stage, s’adonnent notamment à la natation et au jogging. Il est plus qu’inspirant de voir cette motivation au sport, mais il reste néanmoins un défi de trouver la sienne. Je sais qu’il n’est pas facile de se trouver un sport auquel s’accrocher, lorsque la pensée de « hey, il faudrait peut-être que je fasse un peu de sport, moé! » nous vient en tête, à 17, 27 ou 37 ans (ou autre...)
De mon côté, je n’ai jamais été une adoratrice du sport (chose normale!) Même si je sors courir trois fois par semaine durant l’été, je dois admettre que je déteste cette activité, et que ma seule pauvre motivation, c'est qu’il s’agit d’un moyen des plus accessibles de garder la forme (et qu’un bon déjeuner m’attend après). De plus, je ne supporte pas les jeux d’équipe. Soccer, tennis, badminton, football, baseball, kickball et les autres machins qui finissent par ball. J’étais désespérée.
Pourtant, il y a de cela deux ou trois ans, j’ai fini par dénicher une activité sportive qui me plaisait, et que, tiens, je pratiquais déjà depuis environ huit années: la danse. Et ne me dites pas que ce n’est pas un sport! La danse est un sport qui combine l’art en grande quantité et qui fait mon bonheur dans mon quotidien. Elle me met en forme, mais elle comble aussi ma vie de son spectrum de couleurs. Bientôt, la danse devint plus qu’un loisir. Elle crût en un carburant essentiel dans tous les aspects de ma vie, et me permit de croquer dedans à pleines dents. À la manière de n’importe quel sport, la danse me rendit plus heureuse.
Au début, quand j’avais six ans, ça se résumait à un cours de ballet classique d’environ une heure par semaine. Quand, à 14 ans, mon école imposa deux cours par semaine, soit deux soirs de semaine, mes parents secouèrent vivement de la tête et je changeai aussitôt d’établissement. Je dois dire que c’était une bonne chose: je reçus une formation maintes fois meilleure et je compris la place que prenait la danse dans mon esprit.
Source: laroquephoto.com
L’an passé fut une année riche en danse et surtout représentative de ce à quoi je m’attendais pour un mode de vie hautement artistique. Le samedi, j’avais deux classes collées, l’une en ballet classique et l’autre en ballet jazz. Au sein de mon école secondaire, j’avais deux cours par semaine, en plus d’une classe supplémentaire le midi et d’un « match des étoiles » où nous créions des chorégraphies avec nos enseignants. Je ne pouvais pas, de ce côté, demander mieux. Mais cette année est terminée, et je rentre au cégep d’ici quelques jours seulement, sans savoir ce qui m’attend. À cela s’ajoute un nouvel emploi et les deux cours de danse du samedi (le strict minimum, quoi). Mais je n’ai pas écrit ces cinq paragraphes de sports et de rêves un peu fous pour parler de mes problèmes, alors je crois bon de laisser ce questionnement sur l’avenir en suspens.
La danse, c’est lorsqu’on bouge son corps. Si on s’arrête là, ça correspond à peu près à tous les sports connus de ce monde: le corps est en mouvement pour manier la raquette de tennis, faire avancer l’aviron, envoyer la rondelle au filet et amener son adversaire au sol au nom de la ceinture noire. Alors il faut préciser: c’est lorsqu’on bouge son corps dans le but d’exprimer une émotion, un souhait, une chose que l’on ne peut normalement pas donner directement, qui n’est pas palpable. Je suis incessamment fascinée de tout ce qui est dit à travers ces mouvements majestueux et précis. Apprendre une chorégraphie, la maîtriser, la comprendre, la décortiquer, l’analyser, puis la danser avec tout mon coeur sur une scène est une chose dont je ne me lasserai jamais.
Danser m’a aussi apporté diverses réactions à l’intérieur de moi-même. Autre que la chair de poule provoquée par l’excitation (ou les fenêtres ouvertes du local en plein hiver), les gouttes de sueur naissantes sur mon front ou ma nuque, la douleur du souffle haletant dans ma gorge, les crampes aux orteils dans mes impitoyables pointes ou la puissance répandue dans mes muscles dans l’exécution passionnée des mouvements, chaque danse a quelque chose d’utile à transmettre. Le ballet, dans toute sa sévérité et sa perfection, m’a donné de la grâce et beaucoup de coordination mentale. Le jazz m’a montré que rapidité n’est pas synonyme de négligé. Le contemporain démontre quant à lui l’omniprésence de la danse partout, dans toutes les circonstances, où de simples gestes deviennent mouvements et remettent en question tout le sens de la vie. Dans mon cas, je ne dois pas faire de contemporain trop longtemps, sinon je sors du cours sans savoir où aller ou qui je suis, hantée par le pourquoi.
La danse est mon échappatoire à une vie trop teintée de gris. J’arrive à la peindre d’une vaste diversité de pigments qui me donnent le sourire. Et selon moi, cette chose est essentielle pour tous et chacun.