Le texte suivant a été rédigé dans le cadre du projet « Hommage aux fxmmes #metoo ». L’idée derrière ce projet est d'offrir une nouvelle voix au mouvement #metoo, particulièrement dirigé vers des dénonciations par les fxmmes d’agressions ou d’inconduites sexuelles, bien que les fxmmes ne soient pas les seules à être victimes de la violence sexuelle. Les auteurs.trices qui prendront part au projet partageront avec vous leurs réflexions, leurs opinions, leurs observations ainsi que leur soutien, leur amour et leurs souhaits pour l’avenir quant à la cause de la violence sexuelle.
- Laurianne André, bachelière en sexologie
Que ce soit dans les films, à la télévision, dans les fêtes de famille et n’importe quel évènement social vraiment, on dirait que c’est impossible d’y échapper. En tant qu’homme, c’est facile de classer les commentaires déplacés et les sous-entendus comme étant une blague, mais, lorsque je me mets à la place des personnes visées, je ne peux que me sentir inconfortable et trouver que ça manque d’empathie. L’oppression des femmes est systémique et le meilleur exemple qui me vient en tête est l’omniprésence de la nudité féminine dans la culture. Une femme semble devoir se dénuder pour pouvoir lancer sa carrière et tous les prétextes semblent bons, incluant aucune raison (voir Fifth Element, même si c’est un peu vieux). Une partie peut-être cynique de moi s’attend à ce qu’une petite partie de ceux qui tiennent mordicus à ce que des femmes nues ou très légèrement vêtues soient présentes dans leurs films va peut-être essayer de prendre avantage de ces actrices…
Ce que je trouve encore plus inquiétant, c’est de me dire que si tous ces comportements sont ou ont déjà été acceptés socialement, je n’ose même pas m’imaginer ce qui a lieu derrière des portes closes, où il n’y a plus de pression de la société. Décider de dénoncer des actes inappropriés commis par une personne ayant une influence sur leur carrière doit donc prendre un immense courage pour ces femmes. Tout d’abord à cause de la dynamique de pouvoir, la personne accusée pouvant essayer de détruire la carrière ou la vie de la personne qui l’accuse, mais aussi parce que certains essayeront de diminuer et d’excuser les actes de l’accusé, que ce soit à cause que « c’est pas son genre » ou, pire que tout, « qu’elle l’avait cherché ». C’est probablement une évidence, mais cette idée qu’une victime peut vouloir être victime me semble absolument absurde et doit disparaître à tout prix si on veut voir une amélioration ou, idéalement, une résolution, de la situation.
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J’ai espoir qu’un jour, tout le monde sera sur le même pied d’égalité, qu’il n’y aura plus aucune dynamique de pouvoir ou de pression indue. J’espère ne plus entendre un mononc’ objectifier une serveuse et ne plus entendre quelqu’un excuser un comportement inacceptable parce que « Boys will be boys ». J’espère aussi que tous ceux et celles qui désirent dénoncer une situation ou témoigner pourront le faire sans craintes de représailles et que ces actes de courage immense seront normalisés pour tenir tous les criminels responsables de leurs actes. Dans une moindre mesure, j’espère que cette normalisation rendra plus facile de discuter de situations malaisantes avec ceux qui les créent. Je crois (ou du moins j’espère) que personne ne veut faire de mal, mais que ces personnes ne se rendent simplement pas compte que leurs comportements/commentaires sont déplacés. En créant un climat plus ouvert à ce genre de discussion, j’espère aussi que ça invitera à l’introspection et je suis convaincu que la société ne pourra que mieux s’en porter!
Finalement, c’est tangentiel au sujet, mais j’espère que tous puissent être traités dans le cours normal de la justice et de façon équitable. Tous devraient pouvoir accuser un criminel sans crainte de représailles, mais ce présumé criminel doit aussi impérativement avoir droit à la présomption d’innocence. La situation actuelle avec les professeurs qui se font doxer en France et à l’Université d’Ottawa représente bien les dérives possibles si cette règle fondamentale n’est pas acceptée. Un professeur commet un acte jugé moralement inacceptable par une seule personne et cette personne décide alors du sort que devrait subir ce professeur. C’est inacceptable et je crois que personne ne peut être juge, jury et bourreau, peu importe à quel point ça peut être tentant.
En bref, le mouvement #metoo me donne vraiment espoir que nous tendons vers une société meilleure et je tiens encore à souligner le courage de toutes celles qui se sont exprimées, c’est tout un exemple de courage et je vous lève mon chapeau!
(Ça va de soi que si quelqu’un veut en parler, je suis tout ouïe!)