Depuis quelques années, je suis devenue proche aidante pour mon père. C’est un rôle que je n’avais pas anticipé dans ma vie, mais qui s’est imposé naturellement, par amour et par devoir filial. On entend souvent parler de ce terme, mais tant qu’on ne le vit pas, on ne réalise pas toute la profondeur qu’il recouvre.

Nadine Bédard

Le rôle de proche aidant au Québec

Plus d’une personne sur cinq est proche aidante au Québec, soit environ 21 % de la population. Être proche aidant, c’est offrir un soutien régulier et significatif à une personne de son entourage qui vit avec une perte d’autonomie, une maladie ou un handicap. Cela peut être un conjoint, un parent, un ami. On estime qu’il y a plus d’un million de proches aidants dans la province et leur contribution est immense.

Dans mon cas, c’est mon père. Le voir perdre graduellement son autonomie est l’une des expériences les plus éprouvantes de ma vie.

Les petits deuils du quotidien

Quand on accompagne un parent qui décline, on vit une succession de « petits deuils ». Le deuil de ses forces physiques, de son autonomie, de sa mémoire ou de sa personnalité tel qu’on l’a toujours connu. J’ai ressenti une tristesse en le voyant passer de l’homme actif, indépendant et solide qu’il était à une personne vulnérable ayant besoin d’aide pour les gestes les plus simples.

Chaque étape est un ajustement. Et derrière l’amour, il y a parfois la fatigue, la culpabilité, et cette impression que l’on perd peu à peu des morceaux de la personne qu’on aime. Mais il y a aussi une grande tendresse, une nouvelle proximité et une reconnaissance pour ces moments partagés autrement.

Au fil de ce parcours, voici quelques conseils que j’aimerais partager :

  • Acceptez vos limites. Vous n’avez pas à tout porter seule. Reconnaître quand vous avez besoin d’aide est une force.
  • Créez des rituels : Même si certaines activités deviennent impossibles, inventez de nouveaux moments, écoutez de la musique ensemble, regardez de vieilles photos, faites une marche.
  • Prenez soin de vous : une personne proche aidante épuisée ne peut pas bien aider. Accordez-vous des pauses, voyez des amis, lisez, faites ce qui vous fait du bien.
  • Informez-vous : comprendre la maladie ou la condition de votre proche aide à mieux anticiper les besoins et démystifier certaines choses.

Des ressources au Québec

Heureusement, il existe plusieurs ressources pour nous soutenir :

  • Le CLSC : souvent le premier point d’entrée pour obtenir de l’aide à domicile.
  • L’Appui pour les proches aidants (https://www.lappui.org/fr/) : offre une ligne Info-Aidant et des services de répit, de soutien et de formation.
  • Proche aidance Québec : un réseau d’organismes dans plusieurs régions.
Être proche aidant, ce n’est pas un chemin qu’on choisit toujours. Oui, il y a des deuils, de la fatigue et parfois un sentiment d’impuissance, mais il y a aussi des moments d’amour, des sourires qui valent de l’or et une présence qui n’a pas de prix. À celles et ceux qui accompagnent un être cher, vous n’êtes pas seuls. Et votre présence est un cadeau immense.
Image de couverture via Unsplash
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