Ça fait 6 mois aujourd’hui que je suis là, six mois que j’ai franchis la porte de l’aéroport, 6 mois que ma vie a changés. « Le temps passe vite », oui, ça dépend du temps que tu as passé. Pour ma part, j’ai passé les plus longs mois de ma vie à observer défiler les jours, les semaines et les mois devant moi.
Six mois en arrière, j’étais une personne très différente, une personne ambitieuse, motivée, impatiente, mais surtout heureuse d’entamer une nouvelle étape et de commencer une nouvelle vie. Ce jour-là, j’ai laissé ma famille, mes amis et une partie de moi à l’aéroport, une partie qui a laissé un vide en moi qui s’approfondit de jour en jour.
Aujourd’hui, je suis tout le contraire de la personne qui est montée dans l’avion six mois plus tôt.
Et qui aurait cru à cette déception, mais comme on dit, si on y pense trop, ça finit par ne jamais arriver. J’ai passé des mois à rêver de cette vie et à m’imaginer profiter de mes années d’adolescence dans un nouveau pays en compagnie de nouveaux amis, et j’ai cru ou puis-je dire, j’ai voulu croire que le problème venait du pays, de mon entourage et que cette nouvelle ville était l’endroit où je pourrais tout recommencer à zéro et devenir celle que j’ai toujours voulu être.
Mais ça n’a jamais été l’endroit ni les personnes; ça a toujours été moi le problème et au fond de moi, je le savais très bien, mais je n’ai juste pas voulu l’admettre, croire que rien ne changera tant que je n’aurais pas changé.
J’ai grandi dans la solitude et je m’y suis habitué et j’ai même trouvé du mal à passer du temps avec des gens que j’aime, car j’ai fini par apprécier ma propre compagnie. Mais ça, c’était bien avant que je rencontre des personnes formidables qui m’ont montré que la vie est bien meilleure en compagnie d’autrui, et je me suis sentie pour la première fois à ma place et en compagnie de gens avec qui je pourrais être moi-même. Mais c’était qu’une période de bonheur qui ne dura pas longtemps.
Aujourd’hui je me retrouve à l’autre bout du monde avec ma propre compagnie. Si comme l’histoire se reproduit et que quand je me vois dans la glace je vois le reflet de cette petite fille que j’étais, une fille malheureuse et seule qui criait à l’aide, mais personne ne l’entendait, car sa voix était si basse que seule son âme entendait ses cris.
Je me retrouve aujourd’hui assise dans un bus blindé de monde, regardant ma vie défiler par la fenêtre, sentant des larmes tomber sur ma joue, voulant crier si fort, mais personne ne m’entendra, car personne ne se soucie. Un casque sur la tête, j’entends plus que l’écho de ma détresse.
La solitude n’a jamais été nouvelle pour moi, je m’y suis habituée depuis des années, mais cette solitude-là est bien plus profonde.
Avant, je me sentais même seule avec mes propres amis, mais j’avais de la compagnie, contrairement à maintenant où je suis ma seule compagnie, où mon côté social est mort depuis maintenant six mois. Six mois à prétendre que tout va bien, que je retrouverai ce plaisir de vivre, mais la vérité finit par éclater et cette fois-ci elle m’a éclaté fort et a laissé des traces.
Ça fait des jours, des semaines, des mois que j’ai perdu le goût de vivre, le goût de mener une vie, car c’est bien elle qui me mène actuellement. Je me laisse emporter par le courant du destin, je n’attends plus rien de personne, j’attends seulement que la journée s’achève, que la semaine se termine.
Je ne reconnais plus le bonheur depuis mon entrée à l’aéroport.
Ce jour-là où je croyais qu’une superbe vie m’attendait à l’autre bout du monde et que je serais enfin libre, mais me voilà prisonnière d’une routine fatigante, déterminée à vivre dans un cercle vicieux.
J’ai toujours cru que je n’avais besoin de personne, mais ces 6 mois m’ont montré que la vie sans compagnie n’a juste pas de goût.
J’aimerais bien redevenir la fille que j’ai laissée juste avant de partir et retrouver sa joie de vivre et sa motivation de se lever chaque jour et de mener une vie, mais cette fille ne reviendra jamais malheureusement, elle est morte à l’instant où elle est montée dans l’avion six mois plus tôt.
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