En fin de semaine, j’ai enfin décidé de prendre le temps de faire quelque chose que je ne fais jamais : prendre le temps. Non, non, ce n’est pas seulement une figure de style, ce n’est pas qu’une métaphore. Cette fois-ci, j’ai vraiment pris le temps.

Samedi matin, en me levant, j’ai pris le temps d’appeler ma petite maman. Parle, parle, jase, jase. Pour résumer notre conversation, moi je suis trop occupée et elle est trop stressée. Tiens! J’ai eu une idée. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu le temps de passer du beau temps ensemble : « Hey, maman, est-ce que ça te tente d’aller déjeuner? ». Un beau « oui » tout content de la part de ma maman et à 8h tapante, elle était chez moi!

On a l’habitude de prendre son auto quand on est ensemble, mais ce matin-là, je ne sais pas pourquoi, j’avais envie de la sortir ma petite maman : « Hey, maman, on prend mon char! » D’ordinaire je suis tellement pressée que je pars toujours sur le fly et que j’écoute ma musique sur aléatoire, mais ce matin-là, j’avais le temps le choisir. J’ai donc pris le temps de mettre de la belle musique que j’adore et que je savais que ma mère allait aimer aussi.

mère fille amour

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Autre idée de génie : « Hey, maman, je vais t’amener quelque part où tu n’es jamais allée! » Ma mère est toujours prête alors évidemment, elle n’avait aucun problème avec ça. Le restaurant que j’avais choisi, la route était assez longue pour s’y rendre. Je savais aussi que la route serait magnifique, parce que je la prenais tous les jours avant pour aller travailler. « Oh wow ma fille! C’est donc bien beau! » Gros sourire à l’intérieur de moi, je savais qu’elle allait aimer.

À moitié chemin elle me pointe une usine et me dit : « Tu savais que c’est là que je travaillais quand j’étais enceinte de toi? » Non, je ne le savais pas du tout. Comment ça se fait que je ne savais pas ça d’ailleurs? Intéressant, j’en ai appris plus sur ma maman.

Quand on est arrivées au restaurant, on était seules, ou presque. Il y avait une jeune famille qui déjeunait déjà. Avec des petits enfants bruyants et turbulents, qui criaient et faisaient tous les temps. Ma mère m’a regardée en riant et m’a dit : « Toi et ta sœur vous ne faisiez jamais ça. Je vous faisais croire que les restaurants c’était pour les grands et que si vous n’étiez pas fines, vous n’alliez pas revenir. Alors vous faisiez vos sérieuses, comme des petites adultes. » On s’est mises à rire toutes les deux. Un, parce qu’elle nous faisait clairement du chantage, deux, parce que ça marchait.  Je ne me rappelais pas de ça, c’est dommage…

On a mangé comme des cochonnes. Des beaux œufs bénédictines, avec des fruits et des petites patates, miam! Pour une fois, j’ai pris le temps de mastiquer ma nourriture. Je suis toujours pressée d’habitude, alors je mange sur un coin de table et j’engloutis. Ce matin-là par contre, j’ai pris mon temps. On a eu le temps de jaser de tout et de rien, de rire, d’avoir du plaisir! Justement j’avais vraiment envie de lui faire plaisir!

Quand elle s’est levée pour aller aux toilettes, j’ai demandé à la serveuse de m’apporter la facture et deux mimosas pour emporter. J’avais décidé que je n’avais pas fini de lui faire plaisir. Quand elle est revenue, elle était toute surprise que je me sois chargée du déjeuner : « Mélody, c’est moi qui voulais payer! » Non, maman, laisse-moi te gâter! On a ramassé nos clics, nos claques et nos mimosas et on est parties. « Maman, je t’amène voir quelque chose que tu n’as jamais vu! ». Comme je vous l’ai dit, ma mère est partante : « Okay ma fille! ».

Rien d’exceptionnel, vraiment. Je voulais l’emmener voir un endroit où je me rends parfois pour me ressourcer. C’est dans les champs, dans les plaines. C’est du vert à perte de vue, avec la montagne au loin et des murets de pierres vieilles d’au moins 50 ans. C’est l’endroit au Québec qui me rappelle le plus l’Irlande (mon pays préféré). On s’est stationnées et on a sorti des chaises de camping de mon auto. On a bu nos mimosas devant cette vue incroyable, qui me donnait l’impression de revivre mon plus beau voyage, mais cette fois, avec ma personne préférée.

J’ai même réalisé que ma mère et moi, on n’était jamais parties à l’aventure comme ça, juste les deux ensemble. Ça m’a fait apprécier le moment encore plus et ça m’a donné envie de prendre le temps. À ce moment-là, je me suis sentie me rapprocher de ma mère. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours eu l’impression que c’était le genre de chose que je ne pouvais vivre qu’avec mes amies. Mais mon cœur s’est rempli de bonheur quand j’ai vu que ma mère vraiment dans son élément, mimosa à la main, le regard porté au loin et son petit air paisible et satisfait. Elle me ressemble beaucoup au fond… Ou plutôt, je lui ressemble beaucoup.

On a parlé de tout et de rien, encore. On a rêvassé ensemble, comme deux gamines, à se dire notre maison de rêve elle aurait l’air de quoi. Quelle ne fut pas ma surprise quand on s’est rendu compte toutes les deux qu’on voulait exactement la même chose ! On n’en avait jamais parlé avant, mais on était pareilles. En parfaite symbiose.

porche maison chaise

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Elle aurait aimé avoir une petite maison avec un gros porche et une énorme véranda. Pour être « dehors en dedans ». Possiblement avec une serre et une petite fermette. Elle décrivait mot pour mot la maison de mes rêves. Comme c’est bizarre qu’on n’en ait jamais parlé avant. J’ai senti à ce moment-là un lien vraiment puissant avec ma maman, un lien plus fort que le sang.

Quand les gens nous disent qu’on ressemble à nos parents, on comprend, mais on ne comprend pas vraiment. Souvent, on ne voit pas la ressemblance, ou on ne ressent pas la ressemblance. Mais ce matin-là, j’ai eu l’impression de comprendre qui j’étais, en la regardant. Je l’ai vu sous un nouveau jour. Tellement pareille comme moi au fond, comme des jumelles.

Je n’avais jamais pris le temps avant de partir à l’aventure avec ma maman. Parce que j’avais toujours autre chose à faire, toujours autre chose de plus important. Mais ce matin-là, j’ai connecté avec maman, comme jamais avant, et ça m’a permis de me connecter à la femme que je suis.

Cet été, je vais lui proposer, pour la première fois, de partir en roadtrip avec moi. Je vais l’emmener voir l’océan et lui faire découvrir mon interprétation bien à moi de ce qu’est la belle vie. J’ai hâte qu’elle apprenne à me connaitre en tant que femme et non en tant que fille. J’ai encore plus hâte d’apprendre à la connaitre en tant que femme et non en tant que mère.

J’ai le sentiment qu’elle sera en plein dans son élément. C’est drôle, j’ai toujours eu une partenaire d’aventure juste devant moi, mais je ne le savais pas.

D’où l’importance de prendre le temps, de prendre le temps.

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