Il fut un temps où je participais inconsciemment au makeup shaming. Surtout au secondaire, lorsque je voyais des filles se maquiller pour aller à l’école. Dans ma tête, tout ça était ridicule. Et la façon dont je le voyais, c’était que les garçons n’en portaient pas (back in the days, dans mon entourage) alors les filles ne devraient pas ressentir le besoin d’en porter non plus. Tranquillement, ma vision a changé grâce à Youtube qui venait d’apparaître: j’étais complètement obsédée avec les tutoriels de beauté. Michelle Phan, Fafinettex3 et AlexFashionBeauty m’ont aidée à m’ouvrir l’esprit sur le concept du maquillage comme étant une forme d’art, une façon de s’exprimer, et non pas nécessairement comme une façon de cacher ses insécurités. J’avais commencé peu à peu à me mettre du cache-cernes et de la poudre, et j’adorais ça. J’aimais trop me créer cette routine le matin avant d'aller travailler, ou d'aller à l’école.
Source: Youtube
Par la suite, au cégep, c’était une toute autre mentalité. Je commençais à assumer ma passion pour le maquillage en mettant mes traits en valeur, à la place de seulement dissimuler mes imperfections. Le look se résumait à du cache-cernes, de la poudre, du crayon à sourcils, eyeliner, fard à paupières chatoyants, fard à joue rosé et baume à lèvre teinté. Ça me prenait 10 minutes et c’était littéralement une thérapie matinale pour moi, avant d’affronter ma longue journée sur les bancs d’école.
Rendue à l’université, les réseaux sociaux ont énormément influencé ma perception du maquillage. Le makeup shaming est apparu de façon plus intense aussi. Si je pense par exemple aux vidéos The power of makeup (se maquiller la moitié du visage pour montrer le contraste), ou alors aux memes Take her swimming on the first date basés sur l’idée que le maquillage est trompeur, que c’est de la fausse publicité... Comme si nous, les filles, on était juste ça, des objets à vendre. En passant, une bonne main d’applaudissements à celles qui ont retourné la blague en filmant des vidéos de maquillage hydrofuge.
Source: Mediacache
Source: Youtube
C’était rendu triste qu’il fallait s’expliquer que se maquiller, c’était pour soi et non pour plaire aux autres, et surtout pas aux garçons. Malgré les critiques des trends sur IG (ça vous dit quelque chose les sourcils hyper définis, les lèvres overlined, le gros contour et l’illuminateur qui aveugle à chaque fois qu’on tourne la tête?), et le fait que certaines personnes disent que ça nuit à l’individualité, je crois qu’il faut en prendre et en laisser. Le maquillage, c’est personnel et ça devrait refléter notre propre vision de la beauté.
Source: Instagram
Une fois, j’avais lu qu’on ne devait la beauté à personne, même pas à notre mère, nos amis, les garçons, nos employeurs, nos clients. Cette citation m’avait libérée de toute la pression que j’avais, en étant une fille, du « bien paraitre » surtout dans notre société actuelle qui véhicule des standards de beauté démesurés. Depuis, ça a résonné dans ma tête à toutes les fois où je me sentais obligée de me maquiller. C’était très libérateur de savoir que la face avec laquelle j’étais née est okay aussi.
Petit à petit, j’ai compris que choisir de se maquiller, ou pas, était un choix propre à chacun, et qu’on n’est aucunement en position de juger le choix des autres. J’ai donc arrêté de me dire « pourquoi elle se maquille autant? » ou encore « elle en met bieeeen trop ». Quand j’ai commencé à mind my own business, je suis devenue plus épanouie et accepting envers moi-même, mais surtout envers les autres.
Source: Instagram
Pour moi, le maquillage c’est de créer, mais c’est aussi de contrôler. Il y a des jours où je suis exténuée, mais est-ce que j’ai nécessairement le goût de le montrer par mes cernes? Si la réponse est non cette journée-là, alors je vais me beurrer de cache-cernes volontiers. Ça me permet donc de contrôler mon apparence. Et c’est ça pour moi, la beauté du maquillage : c’est une forme de pouvoir, parce que t’es en contrôle total, t’as la liberté de montrer ce que tu veux, ou ce que tu ne veux pas. C’est extrêmement créatif. Pour d’autres, ça permet de mettre en valeur les traits qu’on a déjà. Le less is more, qu’ils disent. Et c’est correct aussi.
Quand j’ai obtenu un emploi dans l'industrie des cosmétiques, le concept du maquillage artistique a pris tout son sens. C’est là que j’ai été immergée dans un monde incroyable de couleurs, de textures, de finis... Je voyais mes collègues de travail porter fièrement du rouge à lèvres bleu, des fards à paupières verts, des paillettes multicolores. J’étais entourée de gens inspirants et passionnés par leur travail, et je n’ai jamais senti qu’on devait se maquiller parce qu’on se trouve laide, ou qu'on a aucune confiance en soi. Au contraire, la plupart d'entre nous entretient une relation saine par rapport au makeup et tout ce qu'on veut, c'est de partager cet amour qu'on a.
Source: Keywordsuggest
« Vivre et laisser vivre », c’est quelque chose qu’on devrait tous essayer d’appliquer dans chacune des sphères de notre vie, car à quoi bon juger les autres sur leur façon de se présenter? Ça n’apporte absolument rien de positif et à y penser, ça en dit bien plus sur notre perception de soi. Pour une chose aussi inoffensive que le maquillage, qui s’enlève le soir avec de l’eau micellaire pis des rondelles de coton, si ça n’affecte ou ne blesse pas notre petite personne, pourquoi s’en préoccuper autant?
Donc à tous les amoureux et amoureuses du maquillage, continuez d’exprimer votre créativité, votre talent et votre passion. Ne cessez jamais de partager votre vision de la beauté à travers un outil aussi amusant que les cosmétiques, par crainte d'un backlash qu’il pourrait y avoir venant de tous les makeup haters de ce monde.
Sur ce, paix, amour et liberté d'expression.