Je ne t'apprendrai rien : ça, c’est une photo d’un pot de pilule vide.

De plus en plus de Québécois prennent des antidépresseurs depuis mars 2020 (#Covid-19). Pourquoi? Parce que l’isolement, le stress lié à la pandémie doublé du stress de le pogner, ce virus-là, l’épuisement au travail ou à la maison (allô les employés des services essentiels et les parents qui doivent jongler entre télétravail et école à la maison). Rajoutez à ça l’insécurité financière vécue par des milliers de Québécois qui ont perdu leur job ou qui ont peur, jour après jour, de se faire remercier par un beau matin, ça fait pas mal de raisons pour dire « Ça va pas bien, doc’ ».

Au printemps 2020, j’ai vu le fond de mon pot de pilules. J’ai cessé de prendre mes antidépresseurs exactement cinq jours après l’entrée en confinement. Je sais, c’était un ost** de mauvais timing pour arrêter. Pourquoi j’ai arrêté, alors? Parce que c’était prévu comme ça. Bête de même. Est-ce que c’était risqué? Dans les circonstances, oui, évidemment. Tous les facteurs sociaux jouaient contre ma santé mentale! Mais j’ai tenu bon, j’ai respiré pis je me suis écoutée. Pour éviter que ma tête et mon corps s’écroulent, encore.

Ça faisait trois ans que je prenais un antidépresseur qui agissait au niveau de mon anxiété plus que pour des symptômes dépressifs. Les causes étaient multiples ; j’ai tenté d’ignorer une dépression post-partum pendant un peu trop longtemps, j’avais un terrible two un peu trop intense à gérer à la maison 5 jours sur 7 mélangé avec une histoire d’amour telle un film américain, mais sans la fin heureuse. J’ai bénéficié de toute l’aide que je pouvais, entre mon médecin, un travailleur social pour moi, un éducateur spécialisé pour mon fils et bien sûr mes ami.e.s, toujours là même quand il y a beaucoup de laid pis beaucoup de morve.

3 filles qui se collent devant un lacsource image : Unsplash 

J’ai eu de l’aide. Parce que le problème se règle rarement juste en avalant une pilule.

C'était prévu comme ça. Un an avant, j'avais réduit ma dose et mon médecin m'avait donné le go pour arrêter complètement quand j’étais prête. J’ai laissé passer les saisons tristes en me disant que le printemps, c’était un bon timing pour arrêter, avec le soleil, les fleurs pis tout le monde avec un sourire dans ‘face sans raison. Ça fait que quand 75% de la planète était en confinement, moi, je terminais mon sevrage d’antidépresseurs, confiante d’être capable de garder le cap sur le doux pis le beau. Je me sentais toute seule en tabouerre, mais on était tous seuls, ensemble.

Aucun pot de pilules n’est revenu dans ma vie depuis. Je surveille ma tête pis mon coeur, mais je m’accorde aussi le droit à du stress pis à de la peine. Parce que c’est humain. Faut juste savoir reconnaître quand c’est trop pis quand on a besoin d’aide.

Les problèmes de santé mentale, c'est à longueur d'année qu'il faut les normaliser, en parler, questionner, déstigmatiser, être à l'écoute, être LÀ. Pas seulement pendant la journée #BellCause. Ça fait que si tu as besoin, appelle un.e ami.e, ton médecin ou une ressource d’aide. T’es pas tout.e seul.e.

Source image de couverture : Mireille Poulin
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