Le célibat, c’est la chance de voir, un jour, sa vie basculer.
J’étais là au même moment qu’elle. Il ne pouvait pas y avoir de hasard. C’était la plus belle femme que j’avais vue. À ce moment précis de ma vie, elle m’apparaissait plus belle que quiconque auparavant. C’était comme ça. Je n’ai jamais réfléchi à ce qui allait suivre. J’ai souri, pris la serviette en papier et demandé un stylo au serveur. J'ai gracié le moment et me suis levé. Peu importe la finalité, je risquais de changer ma vie en un instant en souhaitant changer la sienne. Un compliment, la serviette et c’est tout… je quitterai après. Tout spontanément, acceptant de rouler avec ce que la vie offre parfois.
Elle était accompagnée d’une amie, elles se racontaient je ne sais quoi, mais je n’allais les interrompre que le temps de défier le destin. J’ai regardé son amie et me suis excusé auprès d’elle d’arriver sans prévenir. Je me suis tourné vers elle. Mes yeux brillaient, je le sentais. J’ai cherché son regard pour le soutenir. Je lui ai dit: « De toutes les approches possibles, je choisis le cœur, et il vient te dire, qu’en moins d’une seconde, je prends le pari de vouloir croiser ta route pour y apprendre tout sur toi. Oui, à cause de ta beauté, mais surtout par ressenti. Je te laisse ceci. Ce soir, dans un mois, ou même dans un an, tu n’auras pas à dire qui tu es, seulement à te souvenir des vêtements que tu portes. Je vous souhaite une belle soirée. » Je l’ai vue rougir et je l’ai vue ne pas trouver mot. J’ai regardé son amie, j’ai de nouveau souri et j’ai quitté, les mains dans les poches et la tête haute.
À la fin de cette même soirée, mon téléphone a sonné, numéro masqué. Elle a dit « Salut » et j’ai répondu « Merci » en souriant. Elle avait un copain et en était amoureuse, mais ces trente secondes l’avaient touchée. Ça ne m’a pas surpris, des hommes ont plus de chances que moi… parfois. Je lui ai dit que je me rappellerai ces vêtements, dans un mois, dans un an, que ce qui doit être, devient. Et je lui ai souhaité le meilleur et de bien rentrer.
Encore des fois, quand mon téléphone sonne et que je ne connais pas le numéro, j’ai une pensée pour elle. Je sais qu’elle se souvient de ce moment et j’accepte de n’être que ça. Je l’imagine sourire lorsque, dans sa tête, elle revient avec moi, ce soir-là. J’aurais pu partir sans rien dire. Je n’aurais pas eu à vivre cette déception, mais j’aime l'idée d'être devenu un court souvenir qu’elle se remémore parfois avec son amie. Je sais qu’elle se souvient. Moi, je me souviens de toutes celles qui m’ont regardé dans les yeux et qui m’ont dit que j’étais beau. Je ne fais pas ça souvent et jamais de la même façon. Je risque seulement au diapason.
Osez les compliments qui viennent du cœur, sans aucune attente. Ils se perdent, mais auront toujours une place dans le cœur des gens. Ce qui doit être, devient, le reste fait aussi partie de la vie.