J’ai toujours été bien dans ma zone de confort. Une petite routine, bien simple. J’aimais bien dire que j’étais une leader. Une fille organisée qui aimait penser, analyser et prévoir. Une fille en contrôle qui n’avait pas besoin d’aide, une fille qui voulait sauver le monde. Une fille qui aimait en prendre beaucoup sur ses épaules, une fille qui ne savait pas dire non par peur de déplaire. Une fille qui avait besoin de grandir, s’épanouir au travers du regard des autres. Une fille qui aimait suivre les règles, suivre la recette, suivre le prochain chapitre à la lettre.

Lorsque j’ai eu mon premier enfant, cette fille a disparu. Ma zone de confort a explosé. Je n’avais pas de manuel, pas d’instructions à lire. J’ai rencontré une fragilité, une insécurité. J’avais entre les mains le plus bel enfant au monde, ma fille à moi, ma fierté, mon univers. Mais j’avais si peur. Je voulais être une mère parfaite. Je sais qu’on l’entend souvent ce mot, cette peur. La perfection. Je me suis mis tellement de pression, tellement d’attente envers moi-même, tellement de jugement que j’ai perdu pied, je suis tombée, je me suis sentie disparaître. Je me rappelle cette journée, j’avais appelé ma mère en pleurant et en lui disant que je ne pourrais pas le faire, que je ne savais pas quoi faire. Je jonglais entre l’école, ma pression continuelle de toute faire bien et mon bébé naissant qui avait besoin de toute mon énergie et ma présence, ma petite chérie que j’aime tant.

La vérité, c’est que ça n’allait pas, ça n'allait plus et que je ne pouvais plus. Je me suis écroulée, et j’ai dormi. Dormi un bon bout avant de me lever, mettre ma tuque et aller chercher de l’aide. Je suis arrivée devant le bureau d’un médecin, un médecin formidable, spécialisé en santé mentale, accompagné d’une psychologue. Il m’a écouté parler, pleurer et renifler un bon coup. Il m’a dit: « tu fais de ton mieux, tu es ici et tu me parles, tu veux aller mieux, ce n’est pas rien n’est-ce pas ? ».

femme soleil poingSource image : Unsplash

Et là, j’ai su que j’allais apprendre à aller mieux, à m’accepter et me bâtir une forteresse pour accueillir les plus grosses tempêtes. Je vis avec l’anxiété depuis à peu près toujours. J’ai toujours aimé me faire reconnaître par les autres, j’ai toujours aimé me bâtir avec l’approbation des autres, j’ai toujours eu besoin de faire plus, de faire mieux. J’ai eu besoin de médication pendant deux ans suivant la naissance de ma fille. Au début, je refusais et je ne pouvais pas m’imaginer avoir besoin de ce médicament, moi, l’intervenante de carrière, pas capable de se donner des conseils à elle et prendre soin d’elle. Finalement, lorsque je me suis sentie incapable de prendre soin de ma fille, par mon anxiété qui me faisait avoir peur de tout, j’ai décidé de prendre n’importe quel moyen pour aller mieux. J’ai fait trois ans de consultation avec deux ans de médication et ce que je peux en conclure, c’est que l’anxiété fait partie de moi.

Cependant, maintenant, je me connais bien dans cette sphère, je sais reconnaitre les situations anxiogènes, je sais dire non, je sais ignorer les pensées et opinions des autres personnes, je prends plus soin de moi. Parler de sa santé mentale, c’est difficile et c’est au rythme de chacun, cependant, le conseil que je peux vous donner, n’oubliez pas, vous n’êtes jamais seuls.

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