C’est l’histoire d’une jeune fille de 14 ans qui était amoureuse et qui avait peu confiance en elle. Elle mangeait les mots qu’on lui disait puis tombait en amour et tombait en pleine face surtout lorsqu’elle découvrait qu’il n’y avait pas de congruence entre ce qui était dit et ce qui était fait. Dur, dur de digérer tout ça quand on a l’estime de soi à -30. Ça glace les espérances.
Cette petite fille au cœur brisé était idéaliste, déterminée, mais fragile. Elle avait une peur bleue du rejet, qu’elle avait déjà expérimenté à plusieurs reprises et du jugement des autres. Elle craignait fort ce genre de choses qui coupent l’appétit.
Son reflet dans le miroir était distorsion. Ce n’était pas elle, c’était quelqu’un d’autre. C’était une petite fille délicate qui se voyait deux fois plus grosse qu’elle ne l’était et qui se sentait coupable après avoir mangé une pomme au complet. C’était un visage blême par le manque de nutriments, mais surtout le craving d’amour inconditionnel. C’était un reflet glauque et fantomatique d’une personne pleine de vie cachée au fond d’elle-même, remplie de munchies pas satisfaits. Pour dire vrai, la satiété c’était mon talon d’Achille.
Source image: Myriam Roy
Myriam âgée de 14 ans
Je ne pourrais pas t’expliquer tout ce qui s’est passé en dix ans pour que les choses tournent autrement. Pour que la petite fille en porcelaine se retrouve jeune femme forte, fonceuse, assumée et qui se balance bien du jugement des autres. En toute franchise, je pourrais te le raconter si tu étais un psychologue extrêmement patient et que tu avais beaucoup de temps devant toi et moi, une couple de centaines de dollars à investir drette là. Mais de ma plume, je t’écris seulement quelques détails de ces changements de vie, de ce processus douloureux et merveilleux qu’est le développement humain. Peut-être et je l’espère sincèrement, que toi aussi tu pourras émettre un petit bilan de vie sur ces changements que tu as vécus et qui t’ont fait grandir.
Ce que je peux aussi te dire, c’est que j’ai appris énormément. Que j’ai compris beaucoup de choses. J’ai fini par réaliser que la clé pour combler la faim de ce vide, de ce trou noir en moi, c’était l’amour. L’amour de moi-même, de ma personne, dans toute sa globalité. Je te mentirais si je te disais que j’en suis maintenant à m’aimer à 100% et que mon estime de moi-même est montée en chiffres. Y fait encore un peu froid. Pis j’ai encore des rages de cette faim, de cet appétit affectif qui, par moments de faiblesse, tente de me couper de l’essentiel. De toute façon, je crois que ce n’est peut-être pas la finalité qui compte, mais bien la révélation de s’aimer soi-même et tout le processus qui s’en suit.