Heureusement, il n’y en a pas des tonnes de moments comme ça dans une vie. Ces moments, où tout ce qui se trouve autour semble juste arrêter d’exister. Des instants, où la seule chose qui résonne dans tes oreilles, c’est la nouvelle qui te paralyse. Cette nouvelle, qui en moins de 2 secondes, vient la changer ta vision de la vie.

Petit cœur déchiré

Tu étais minuscule. À peine quelques heures de vie et déjà, on pouvait l’entendre ton petit cœur percé. Quand, dans mes yeux de maman, je ne voyais pas grand-chose sur l’écran qui était supposé me le montrer ce petit cœur. Quand, dans mes oreilles de maman, je n’entendais pas grand-chose du souffle qui venait de ton cœur. J’ai cru que le temps n’existait plus, que le vide occupait tout l’espace et qu’on était là… juste toi et moi. Ma fille, tu es venue au monde avec un petit cœur troué.

Cardiologie, pédocardiologie, suivis, pesées, recherches, médication… puis stress. De tes 4 premiers mois de vie, ma fille, tout ce que je retiens c’est que j’avais peur. J’avais peur, parce qu’on surveille ça, comment un petit cœur de bébé? On calcule ça comment du lait de bébé allaité? On gère ça comment des spécialistes, des indications et des contre-indications? Puis, finalement, ma fille, tu allais être opérée. Rajoute à mes interrogations encore une tonne de questions. On arrête ça, comment un cœur de bébé? On arrête ça comment des poumons de bébé? On intube ça comment un bébé?

On fait comme si on comprenait. On fait confiance et on lâche prise. Je t’ai tellement regardé, ma fille. Je t’ai collée, je t’ai sentie, je t’ai aimée. Je t’ai regardée partir dans les bras de l’anesthésiste avec ton minuscule sourire, comme si toi, tu savais que tout allait bien se passer.

Petit cœur blessé

Pendant que ton petit cœur se faisait réparer, le mien faisait juste se serrer. J’étais partagée entre la hâte de te revoir et... la peur de te revoir. Parce que, ce n’est pas vrai qu’on est préparée à voir son minuscule bébé tout branché. Des fils autour de la tête, des fils qui sortent du cou, des fils qui sortent du cœur. Puis, comme si ce n’était pas assez, un tube qui te sort du ventre.

Si tu savais comme c’était dur, ma fille. Te voir te réveiller, le visage paniqué et ta petite voix coupés. C’est là que j’ai compris ça allait être quoi mes plus grands défis de maman. Ce sont toutes ces fois, où je ne pourrai pas la prendre ta douleur, où je ne pourrai pas la prendre ta détresse. Toutes ces fois, où je ne me sentirai pas capable de te protéger de tout ce qui peut t’arriver.

Petit cœur ravivé

Puis, c’est de tes six premières années de vie, ma fille, que je réalise la chance que j’ai d’avoir une fille au petit cœur réparé. Je n’étais peut-être pas préparée à te voir toute branchée, mais je n’aurais jamais supporté de te voir succomber.

Certaines familles n’auront jamais cette chance et je ne peux imaginer comment j’aurais pu passer ces six dernières années sans te regarder aller...
Image de couverture d'Ömürden Cengiz
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