Vanessa pour moi, c’est la fille qu’on voit partout, mais que l’on ne connait pas assez! Depuis que je l’ai interviewée la première fois, lorsqu’elle enseignait un cours de Heels, ce cours de danse super énergique qu’on fait en talons hauts, j’ai l’impression que sa carrière n’arrête plus de bien aller. Je la suis sur les réseaux sociaux depuis longtemps et je m’épate de la voir aller de projet en projet, souvent présente dans ma télé! Ce qui m’impressionne le plus chez elle : sa passion. Dans tout ce qu’elle entreprend, on la voit souriante et dévouée, en trémoussant sa chevelure signature. C’est pourquoi j’ai pensé à elle pour débuter notre projet en force, parce que je veux absolument vous faire découvrir cette femme ultra talentueuse et fougueuse qui fait partie de notre show-business québécois.
1) Comment pourrais-tu me décrire Vanessa Boudrias?
Source image: Eva-Maude Tc photographe
Vanessa Boudrias est une femme fière, passionnée, ambitieuse, enjouée, rêveuse et déterminée. Elle essaie de propager la bonne humeur partout où elle met les pieds, et de demeurer accessible et ouverte aux personnes qu’elle rencontre. C’est une drôle de créature, qui vit dans son petit monde de licornes et de boules discos.
2) À quoi ressemble ton parcours professionnel?
En ce qui concerne la danse, j’ai commencé dès l’âge de 8 ans, dans une petite école de jazz située sur la Rive-Sud de Montréal. Ayant développé un fort intérêt tant pour la danse que pour l’art en général, je me suis éventuellement inscrite dans un programme collégial en arts plastiques. Malheureusement, malgré les bons souvenirs que j’en garde, le temps consacré en classe n’a jamais réussi à capter mon intérêt, ce qui a eu raison de mes notes, et m’a fait prendre la décision de mettre fin à mes études.
Dès ce moment, je me suis davantage consacrée à acquérir de nouvelles compétences par le biais de formations privées, et à parfaire mon réseautage dans l’industrie de la danse, du spectacle et de la scène. Ce parcours m’a menée, non sans stress et peur de l’inconnu, à m’établir en Chine pour une année entière pour y travailler comme danseuse et chorégraphe. Cela m’a également permis de découvrir de nouvelles passions alors inconnues, notamment en animation, que ce soit comme animatrice à Musique Plus ou ambassadrice de la Brigade du Bonheur Coca Cola. Quoi qu’on puisse en dire aujourd’hui, que pouvais-je demander de mieux qu’être payée à apporter du bonheur dans la vie des autres ?! J’en ai retiré une expérience mémorable. Les gens ont tant besoin de se donner droit à une dose quotidienne d’innocence. Une prescription de 100mg de rires et 250mg de sourires peu facilement effacer une surdose de 3000mg de drame. Aujourd’hui, je consacre mes efforts à diversifier mes compétences. J’ai tant à apprendre et tant à découvrir!
3) Quelles sont tes impressions sur le monde de la danse professionnelle à Montréal?
J’adore la communauté d’artistes ici, elle est unique, «bold». Peu importe nos états d’âmes, nos conflits de la vie quotidienne, la communauté de la danse est une communauté qui se tient et se supporte les uns les autres.
4) Quel est le style de danse qui te représente le plus?
Source image: Wes Klain
J’adore utiliser la danse pour raconter une histoire et faire vivre des émotions. Peu importe le style de danse, c’est en mettant en avant plan l’interprétation et la performance qu’on capte l’attention du public. J’adore à la fois faire rire, pleurer, séduire et provoquer. Bref, tout ce qui fait en sorte que les gens embarquent dans mon monde créatif en seulement quelques minutes.
5) Je sais que tu vivais jusqu’à tout récemment à LA, qu’est-ce qui t’a amenée là-bas?
Les opportunités sont tout simplement plus grandes à Los Angeles, et ce malgré que le bassin d’artistes de haut niveau y soit également plus grand. La diversité du «casting» recherché, que ce soit le style, la couleur de peau, la grandeur, le poids corporel, est également beaucoup plus large. Los Angeles est le noyau de toutes les grandes productions, comme les tournées d’artistes, les vidéoclips, les publicités, les «live performances», les films et j’en passe. C’est également l’endroit parfait pour se perfectionner et acquérir de nouvelles compétences. J’y ai rencontré de bonnes personnes, provenant des quatre coins de la planète, avec des expériences de vie si diversifiées. Le simple fait de découvrir et vivre avec des gens issus d’autres pays et d’autres cultures, qui partagent les mêmes passions que nous, est pour moi une expérience mémorable.
6) Quelle est ton expérience de danse la plus significative?
Pour moi, il ne s’agit pas d’un contrat, mais plutôt d’un simple cours, et ce en raison de l’émotion que j’y ai vécu. À mon arrivé à Los Angeles, après avoir obtenu mon visa de travail, ma première classe de danse était avec Galen Hooks, une chorégraphe qui m’a toujours hautement inspirée pour sa démarche artistique. Son cours était centré sur la performance et l’interprétation. J’ai eu la chance d’être prise en exemple, devant plus d’une centaine de personnes. La routine fût filmée et partagée sur les médias sociaux. Nouvellement arrivée au pays, dans une ville où se fréquentent les meilleurs au monde de l’industrie, seule à des milliers de kilomètres de mes proches, les mots me manquent pour exprimer les émotions que j’ai ressenties, et à quel point j’en avait besoin. La popularité d’un contrat ou d’une prestation ne rivalisera jamais le sentiment qu’apporte la reconnaissance de nos compétences par nos pairs.
7) On t’a vu dans beaucoup de publicités cette année, à quoi peut-on s’attendre de toi dans le futur?
Mais quelle bonne question! J’aimerais tant pouvoir y répondre! D’autres publicités? Un rôle joué à la télé? Animatrice télé ou radio? Danseuse pour Beyonce? Hihi …il faut bien rêver! Je fais confiance à la vie. Je crois que les opportunités arrivent par un curieux mélange de chance, d’investissement personnel, de volonté et de bonnes relations avec les autres, peu importe leur statut et leur métier. J’adore jouer, faire des auditions, être sur le plateau, apprendre sur toutes les variantes du métier d’artiste. J’aimerais en faire une carrière à long terme, faire d’avantage des séries télé, des films francophones et/ou anglophones… J’ai confiance que ça va arriver.
8) Tes cheveux sont une grande partie de ta marque de commerce, peux-tu m’en parler un peu?
Source image: Eva-Maude Tc Photographe
Pour moi, l’afro constitue désormais une affirmation assumée et fière de mon identité et de ma liberté. Mon afro et mes boucles reflètent mes différents traits de personnalité, car comme moi, ils sont uniques, amusants, ‘’kinky’’, en santé, doux, confortables, exceptionnels, parfois tout mêlés, parfois resplendissants, parfois maladroits. En portant l’afro, je me sens forte, unique et moi-même à 100%.
9) Qu’est-ce que tu penses du mouvement contre le racisme en ce moment?
Je suis contre toute forme d’inégalité, et crois qu’on devrait tous et toutes avoir cette chance d’être reconnus pour qui on est. Le racisme est une forme de peur de l’inconnu et du changement, il faut donc toujours demeurer ouvert et inclusif envers les autres qui nous font des commentaires ou nous posent des questions. Oui, nous vivons tous et toutes des inégalités, parfois par manque de tact, parfois par pure méchanceté. Il faut savoir faire la différence et ajuster nos réactions en conséquence. Je n’encouragerai jamais l’usage de la violence. J’aime voir le côté positif, et le positif dans cette situation est qu’on en parle, de milliers de voix, à travers la planète entière….et je ne peux qu’espérer qu’on va évoluer dans la bonne voie.
10) Comment vois-tu l’impact de ce mouvement dans ton domaine?
De plus en plus, je vois une certaine représentation, oui. Il faut se réjouir que la diversité ethnique et culturelle soit de plus en plus intégrée dans les médias. On peut sentir que les médias font des efforts pour intégrer et rejoindre un auditoire plus diversifié, pas seulement des communautés culturelles, mais aussi des communautés LGBTQ+, des communautés religieuses, des personnes ayant un handicap, et j’en passe. Non, ce n’est pas parfait, et ce ne le sera jamais, car la société évolue constamment et force le monde médiatique va devoir s’adapter continuellement. Il faut garder confiance et demeurer positif, le changement se fait lentement mais sûrement.
J’ai moi-même commencé à faire de la publicité et je dois admettre avoir notamment été sélectionnée grâce à mon look et ma différence, ce qui me soulage en quelques sortes et me rend heureuse. Il faut toutefois avoir le courage d’admettre que la diversité culturelle de Montréal est malheureusement très mal représentée à la télé québécoise. Le monde artistique, incluant la télé et le cinéma, jouent un rôle très important dans le niveau d’acceptabilité de la différence en société. Sans pouvoir affirmer qu’ils puissent faire disparaitre le racisme, l’impact de ce qu’ils diffusent est beaucoup plus grand qu’on pourrait le croire. En tant que fille métisse ayant grandi sur la rive-sud de Montréal, élevée et entourée par des blancs, je peux en témoigner. Chaque enfant cherche un modèle qui le représente à la télé, au cinéma, ou dans un livre. Ce sont également d’excellents moyens d’apprendre aux autres enfants à vivre avec la diversité des cultures, des couleurs de peau, etc. Il faut que les productions cessent d’adapter leur contenu en fonction de plaire à la majorité, et se concentrer plutôt à créer du contenu visant à faire évoluer la société pour un meilleur futur.