Tu n’as pas le contrôle sur tout. Excuse-moi de te l’apprendre.

Il m’a fallu beaucoup de temps avant de m’y faire alors, je comprends ton deuil.

C’est comme dire à un enfant que le Père-Noël n’existe pas. Tu n’étais pas prête à l’entendre, je sais. Personne n’est jamais prêt à ce qu’on lui dise que peu importe la force avec laquelle il se bat avec la vie, ça ne changera rien. Ce qui doit arriver, arrivera.

C'est comme une facture d’épicerie qui pogne dans le vent et que tu t’efforces de rattraper dans le stationnement parce que tu as une conscience écologique et que tu ne veux surtout pas faire partie de ces gens qui laissent les factures s’envoler. Tu sais, ces gens-là. Ceux qui s’en foutent.

Tu n’es pas comme ça. Tu cares.

Tu veux ce qu'il y a de mieux pour ta planète. Pour l’avenir des enfants. Même si tu décides de ne pas en avoir parce que tu considères que le monde dans lequel on vit est impitoyable. Mais peu importe la manière dont tu essaies de contrôler ce qui se passe, tu n’y arrives pas. La facture est déjà rendue trop loin.

Les événements se succèdent et t’arrivent en plein visage sans que tu puisses même les identifier tellement ils passent rapidement. La mort d’un proche, la maladie, le réchauffement climatique, la famine dans le monde, la pollution. Même les plus petites choses ne sont pas contrôlables. Ta voiture tombe en panne, ton père attrape la COVID, tu perds ton portefeuille. Merde.

Tu ne perds pas juste ton portefeuille, tu perds le contrôle, total.

As-tu déjà contrôlé quelque chose ? Tu ne contrôles même plus tes émotions, tu pleures chez le concessionnaire quand il te donne le prix de la réparation, tu pleures à l’hôpital quand ils te disent qu’ils ne peuvent pas te dépister sans ta carte d’assurance maladie. Et, tu as perdu ton portefeuille.

Tout arrive en même temps. Tout le temps.

C’est correct. Tu as le droit de perdre le contrôle. Ça ne veut pas dire que tu t’en vas indéniablement dans le champ. Tu as encore une chance de reprendre le volant de ta vie et essayer de rouler drette. Tu peux contrôler ta façon d’accueillir ce qui t’arrive. De le prendre comme une joke: « ça pas de bon sens que je vive toute ça en même temps, on dirait que je suis dans un télé-roman. » Tu peux rire. La situation est tellement poche que c’en est drôle !

La vie est en train de te tester.

Tu n’as peut-être aucune emprise sur ce qui t’arrive, n’empêche, tu peux choisir de le vivre comme tu en as envie. Te dire que tu vas pouvoir en profiter pour marcher un peu le temps que ton char se fasse réparer, prendre de l’air, te tenir en forme, que tu seras un peu plus heureuse de revoir ton père après son 10 jours de confinement, que ce sera le bon moment de faire le ménage dans tes cartes qui sont expirées, en commander des neuves.

Vois-le comme ça. Dis-toi aussi que, du moment qu’on est dans le fumier jusqu’au cou, ça ne pourra pas aller plus mal.

Ça peut juste aller mieux.

Tu as atteint le fond, tu vas remonter la pente, tranquillement.

Source de l'image de couverture : Unsplash
Accueil