Un constat peu reluisant

J'œuvre dans le domaine de l’éducation depuis maintenant plus de 30 ans.

Comme vous et moi, j’entends dans les médias ce qui se passe dans le monde scolaire : pénurie de personnel, tant du côté des enseignants que des professionnels et des cadres, manque de civisme de la part de certains élèves et parents, violence omniprésente dans certains milieux… Le portrait brossé n’est pas glorieux! Est-ce si pire que ça?

La faute à qui?

Je vous confirme que les difficultés nommées sont bel et bien réelles. Comment pourrait-il en être autrement? On ne peut pas dire que la société est tendre à l’égard des enseignants. Plusieurs sont rapides à évoquer les 2 mois de vacances, les 2 semaines aux Fêtes, les relâches scolaires, le gros salaire depuis le dernier ajustement… Bref, selon une partie de notre société, les profs se plaignent le ventre plein! Je vous l’accorde. Les profs ont tendance à se plaindre. Mais de là à dire qu’ils n’ont pas de raison de le faire. Là, je proteste!

Si tout un chacun se mêlait de vous dire comment faire votre job. Et si, en plus, on se permettait de vous le dire en vous criant par la tête. Si on vous demandait de faire toujours plus avec toujours moins. De sauver le petit Nathan qui a un gros déficit de l’attention et de stimuler la petite Jeanne qui a un haut potentiel intellectuel. Ah oui! Il y a aussi Bernadette qui est doublement exceptionnelle, lire ici une présence simultanée de plusieurs diagnostics. Tout cela, durant la même période et dans la même classe qu’une trentaine d’autres jeunes tout aussi uniques dans leurs besoins. Je crois qu’il vous arriverait aussi de vous plaindre.

Vous savez, pour tenir le coup en éducation, il faut vraiment aimer les jeunes et avoir à cœur leur bien-être et leur réussite. Alors les parents qui croient que le prof n’aime pas leur enfant parce qu’il est toujours sur son dos. Voyons donc!

C’est justement parce qu’il l'aime qu'il s’en occupe. Et, s’il vous plaît, arrêtez de vouloir à tout prix éviter la moindre contrariété à votre enfant. Vous ne lui rendez pas service. Apprenez-lui plutôt à recevoir la critique, à accepter de se faire dire NON, à régler lui-même ses conflits. Il n’en sera que mieux préparé à surmonter les coups durs qu’il aura inévitablement au cours de sa vie.

Et surtout, lorsque votre précieux, la prunelle de vos yeux, vous rapporte une situation, avant de pogner les nerfs et de critiquer le prof ou le professionnel devant votre enfant, respirez un bon coup. Après, après seulement, prenez le téléphone et discutez calmement de la situation avec la personne concernée. Il y a toujours plusieurs côtés à une médaille. N’oubliez pas qu’au final vous faites équipe, le personnel scolaire et vous, et que vous poursuivez le même objectif : le bien-être et la réussite de votre enfant.

Changeons les choses

Je vous invite donc à voir la problématique de la pénurie de personnel dans le monde scolaire sous un autre angle. Un angle multifactoriel qui va au-delà du simple manque de ressources humaines. Se peut-il que chacun de nous puisse faire une différence? Je pense sincèrement que oui! Vous savez, en tant que travailleur, lorsqu’on se sent apprécié, soutenu et valorisé, notre travail devient agréable et attrayant.

C’est vrai pour tout le monde!
Image de couverture de Feliphe Schiarolli
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