Passer de papa à papi et de copain à papa

J’ai toujours été la fille à son papa. Je me suis souvent fait dire que j’étais un petit gars manqué et que j’étais le petit gars que mon papa n’avait jamais eu. Je ne pense pas que mon père ait un regret de ne pas avoir eu de garçon. Il est père de deux filles et il en est très fier. J’ai surement été pour lui d’une certaine manière son petit gars. J’ai joué au hockey, j’ai échangé à maintes reprises des balles que ce soit de baseball ou autres et j’ai toujours été très manuelle. Dès mon jeune âge, je l’accompagnais au travail en tant qu’apprentie électricienne. Je me plaisais à aider et à être proche de mon papa. Je lavais ses camions de compagnie, je passais la tondeuse, je travaillais sur le terrain. Je préférais être dehors en sa compagnie qu’à l’intérieur à popoter, faire le ménage ou des activités avec ma mère et ma soeur.

Puis les années ont passé, plus le temps avançait, plus je découvrais ce côté féminin en moi. Je délaissais un peu le côté rude pour m’adoucir, me maquiller jusqu’à aimer les princesses, les licornes et finalement avoir le rose comme couleur préférée. Je n’ai jamais oublié mon côté garçon manqué en aimant jouer dehors, en préférant de loin les running shoes aux souliers à talons hauts. J’ai toujours jonglé entre ces deux facettes de ma personnalité: une plus tomboy, l’autre plus féminine.

Source image: Geneviève Asselin-Demers 

Récemment, c’était à mon tour d’avoir des enfants. J’ai été en fertilité, je suis tombée enceinte et j’ai appris que j’allais avoir des jumelles. Bien entendu, ce serait les seules de la famille, car mon copain et moi souhaitons une famille de quatre. Il y a beaucoup de gens qui s’essaient pour un autre enfant lorsqu’ils n’ont que des enfants du même sexe. J’ai entendu plusieurs me dire: « Oh c’est dommage ça aurait été tellement beau avoir le petit couple gars-fille de jumeaux.»  Pour ma part, je ne suis pas déçue et je suis même très contente d’avoir deux filles. Dans ma famille, nous sommes entourés de filles. Ma mère a eu deux filles, ma tante a eu une fille, ma cousine a eu deux filles, ma soeur a eu deux filles, ma belle-soeur a eu deux filles et maintenant moi j’ai deux filles.

Source image: Geneviève Asselin-Demers

Est-ce que le père est déçu de ne pas avoir de petit gars? Je ne peux répondre à sa place, mais je suis certaine qu’il se plaira, tout comme mon père, d’avoir deux filles. J’ai été le petit gars de papa. J’ai évolué, je me suis surprise à aimer aussi les trucs de filles : magasiner, popote, jardiner.  Je me dis qu’il y aura surement une des jumelles qui sera plus masculine et l’autre plus féminine et chacune à leur manière auront des affinités avec mon copain et moi. Que ce soit de jouer à l’extérieur, de faire des cabanes dans l’arbre ou simplement de travailler dans le garage. Elles partageront à leur manière une passion avec leur père et j’aurai droit aux passions qu’elles partageront avec moi. Nous aurons aussi des passions communes, c’est la beauté des relations père-fille et mère-fille.

Source image: Geneviève Asselin-Demers

Que ce soit avec mon père ou avec mon chum, je suis heureuse d’avoir pu partager de si beaux moments. Tous deux, à leur manière, m’ont fait évoluer et me font encore grandir. Je suis fière de ce qu’ils sont et je souhaite souligner cette journée d’anniversaire pour les remercier. Merci d’être ce que vous êtes, authentiques, honnêtes et si merveilleux.

Source image de couverture: Geneviève Asselin-Demers