Est-ce que vous avez remarqué comme le rôle de parent vient nous chercher dans nos plus profondes certitudes?

Mon fils a trois ans.

À mesure qu’il grandit, je me vois poser quelques barrières entre lui et moi. Afin de commencer à lui apprendre comment on fait pour respecter la bulle de l'autre, mais surtout comment faire respecter son propre espace.

En somme, savoir entendre le non pour mieux accueillir le oui.

Je pense évidemment au consentement sexuel. Par exemple, ne pas toucher certaines parties du corps sans autorisation préalable.

Mais, ce n’est pas le seul consentement qui existe. Plus je réfléchis à cela, plus je trouve l’apprentissage difficile.

Je lui précise régulièrement qu’il n’est pas obligé de me faire un câlin ou un bisou avant une séparation (sieste, dodo du soir, garderie, sortie avec son père…). Je sais que c’est important qu’il apprenne cela, que son corps lui appartient, que personne ne peut décider à sa place ce qu’il doit faire avec…
Et, c'est aussi un exercice difficile pour moi!

Parce que, ce câlin et ce bisou, moi, je les voudrais bien.

Mais, je sais aussi pertinemment que je ne suis pas en droit de les lui réclamer.

Je crois qu’en tant que femme, avant même d’être mère, je suis très sensible à la notion de respect de l’intégrité de l’autre. Je pense ne pas faire exception si je dis que j’ai déjà subi des agressions sexuelles dans ma vie.

Non, je ne parle pas forcément d’un viol avec deux côtes cassées suite à une sortie nocturne.

Je parle de la bise forcée par un collègue masculin (pire encore s’il a un ascendant hiérarchique quelconque…) alors que, je pense, mon bonjour était suffisamment audible pour être pris comme une marque de politesse.

Je pense aux frottements injustifiés dans les transports en commun. Et, ne nous y trompons pas, on le sait quand c’est un contact involontaire là.

Maintenant, je suis mère et j’ai un fils.

Me voilà désormais à essayer d’enseigner à mon fils ce qu’est la bulle personnelle. Et, c'est dur parce que j’ai l’impression de réfréner sa joie naturelle à chaque fois.

J’ai fait un modèle du genre affectueux en plus de ça.

Afin de me rendre la tâche facile…

À lui enseigner comment nettoyer ses parties intimes tout en lui expliquant de mon mieux ce qu’est l’intimité.

À lui apprendre que personne, pas même moi ou son père, ne peut toucher aucune partie de son corps sans qu’il ait au préalable donné son accord.

Et, donc, à lui apprendre de ne pas toucher une autre personne en retour.

Par exemple, je l’ai allaité pendant deux ans. Je crois qu’il s’en souvient, car il baisse parfois mon chandail pour voir mes seins.

Quand c’est en public, c’est évidemment un peu plus gênant. J’essaie d’en faire une occasion d’apprentissage pour lui, sur la notion de gêne et de pudeur.

En faisant cela, est-ce que je ne crée pas l’idée que le toucher et le corps de l’autre sont des tabous? Est-ce que je n’éteins pas, tranquillement, son innocence? Est-ce que je ne sexualise pas, malgré moi, chacun de ses actes?

Je sais. Je me pose trop de questions. Je n'y peux rien, je suis faite ainsi.

Je suis aussi toujours ouverte à la discussion et à l’échange. Si vous avez des astuces ou des réflexions à me partager, n’hésitez pas.

Je terminerai par évoquer deux livres qui m’ont été recommandés par une sexologue et une libraire :

- La bulle de Miro de la Fondation Marie-Vincent.
- Non, non, c’est non ! de Claudie Stanké Barroux

Je les aime beaucoup tous les deux, car ils sortent la notion de consentement de la sphère sexuelle pour l’appliquer à des situations plus anodines (comme ne jamais refuser d’aider quelqu’un…).

Image de couverture de Markus Spiske
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