Selon moi, nos choix et nos actions sont guidés par deux éléments parfois contradictoires, soit notre cœur et notre tête. En d’autres mots, une partie de nous veut souvent voir nos rêves, nos espoirs, nos scénarios impossibles se réaliser, et l’autre tente de nous convaincre que ça ne se passera pas. Vu de même, la tête semble être la partie plate, qu’on ne veut pas écouter puisqu’elle ne nous apporte pas de plaisir immédiat, de plaisir à court terme. On aime bien le cœur, puisqu’il répond à ce qu’on veut. Et ça paraît bien plaisant, écouter son cœur, y aller avec son intuition, vivre dans l’intensité, dans la sentimentalité, sans la raison pour nous stopper dans nos élans! L’affaire, c’est que, chez beaucoup de gens (moi y compris!), le cœur et la tête ne sont pas toujours d’accord.
« Oui, mais… ». Ce sont les mots tous droit sortis de notre partie pas trop rationnelle de notre cerveau pour contredire la partie un peu trop rationnelle. C’est l’arme que le cœur utilise contre la tête pour gagner l’éternel combat entre la raison et la passion, entre le réalisme et nos désirs parfois trop idéalistes. Je me suis rendue compte que dans ma vie, et encore plus dernièrement, j’utilise énormément cette arme pour justifier des choses qui, en bout de ligne, finissent par me nuire, sans trop prévenir. Il faut faire attention, parce qu’en voulant combattre notre tête au profit de notre cœur, on se poignarde un peu nous-même à chaque fois. Pis on est bien bons, nous, les humains, pour nous faire du mal. On est bien bons pour justifier cette douleur et la rendre « moins pire », ou honorable. Le cœur est un bon maquilleur; il sait comment rendre belle une situation qui ne l’est pas. Sauf que le maquillage, quand il y en a trop, ça pèse lourd pis ça irrite. Et quand on veut finir par l’enlever (pour ceux qui tiennent à continuer la métaphore, ce serait avec la « lingette démaquillante de la raison » … !) , il faut frotter beaucoup et ça ne fait pas beaucoup de bien.
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Je suis la première à m’acharner sur la rationalité à grands coups de « Oui, mais », de « Et si ? » et de « peut-être que…. ». J’ai une grande tendance (appelons-ça une habitude, même) à imaginer des scénarios parfaits, à les intérioriser et à espérer qu’ils se produisent pour vrai. Et quand ça ne fonctionne pas, je ressors mes armes du cœur avec encore plus d’aplomb, et je recommence le même scénario. Un peu comme ça :
« Oui, mais ce n’est pas grave, je suis sûre que ça va fonctionner cette fois! »
« Oui, mais il doit avoir ses raisons d’agir ainsi. »
« Oui, mais au fond c’est une bonne personne, il faut apprendre à la connaître. »
« Oui, mais ça ne me dérange pas. »
« Et s’il avait ses raisons d’agir ainsi? »
« Peut-être qu’il est occupé ?», etc.
Sur le moment, ça peut paraître suffisant. Sauf qu’à long terme, ça te détruit. Des fois, il est temps de lâcher le maquillage. Et de voir les choses comme elles sont, en face. Je ne te cacherai pas que c’est dur, et que ça demande de la pratique. Moi-même je suis pourrie là-dedans; ma trousse de maquillage est ben ben pleine.
Mais il faut savoir lâcher le combat. Et vivre un peu dans la réalité.
« Oui mais….c’est difficile. »