Ce titre que tu n’auras jamais.
Ce mot que tu n’entendras jamais pour toi.
Maman.

Tu as toujours été un peu ambivalente avec l’idée d’avoir des enfants. Toi qui aimais tant ta liberté. Toi qui attendais la bonne personne.

Dans ton monde idéal, créer ta famille, c’était dans les meilleures conditions possibles, et pas à moitié.

Un jour, tu l’as rencontrée, ta personne. Après quelques années et un peu trop « showers », c’était une évidence. Vous étiez rendus là. Le tic tac de tes 30 ans bien entamés s’est mis à résonner pas mal fort sur l’horloge biologique. Depuis longtemps, tu pensais que ton horloge n’avait plus de piles ou que tu les avais enlevées volontairement.

Tu t’es mise à lire Naître et grandir comme si c’était la bible. Tu as regardé tous les forums possibles.
Tu savais que ça pouvait être long, que chacun avait un parcours différent, mais au fond de toi, tu savais aussi que quelque chose clochait.

T’es finalement sortie de chez le médecin les yeux dans l’eau, une prescription pour un petit cocktail d’hormones à la main et beaucoup trop de rendez-vous à venir. Malgré tout, tu étais prête à t’amocher un peu le corps pour que vous puissiez être une famille.

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Les semaines et les mois passent. Ils sont de plus en plus cruels.

Tout le monde vous demande: c’est pour quand les enfants? Tu as 30 ans après tout. Tu hésites entre les frapper ou aller pleurer en silence chaque fois.

Personne ne connaît ta douleur. Personne ne te voit t’effondrer quand tu vois ton test négatif, même si tu le savais. Personne n’est là, sauf lui.

L’infertilité est un monstre sournois qui s’installe au quotidien. Il gruge toutes tes pensées et ternit tes journées. Le nuage est ne vous quitte jamais. C’est l’orage constant.

Tu veux, tu espères, tu t’acharnes.

Et tout le monde fait son commentaire.

Et un matin, tu n’en peux plus. Tu flanches. Le processus est devenu trop lourd. Tu t’es perdue en cours de route. Tu ne te souviens même plus comment aimer ton partenaire ni ce que vous avez déjà été.

Tu sais, le temps où vous aviez le cœur léger et dont le bonheur remplissait la maison.

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À toutes celles qui ont eu à prendre la décision d’arrêter, vous n’êtes pas brisées.

À toutes celles qui ont écouté la limite de leur corps pour un enfant qui n’est jamais arrivé, vous n’avez pas échoué.

Nous sommes habitées par une force que peu connaissent et une résilience qu’on ne croyait même pas avoir.

À tous les partenaires qui nous soutiennent jour après jour, on vous remercie tellement.

Vous êtes trop souvent oubliés, mais c’est un combat que vous menez dans l’ombre à nos côtés.

Vous êtes nos repères, nos piliers.

À toutes celles qui n’arriveront jamais pleinement à faire leur deuil, n’oubliez jamais qu’être deux à s’aimer, c’est aussi ça être une vraie famille.
Photo de couverture via Laura Ohlman
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