C’est quoi encore ma porte?… Je ne sais plus dans quelle poche j’ai mis mon passeport! Pourquoi il y a autant de poches secrètes dans mon sac? J’aurais peut-être dû réserver? Est-ce que j’ai le temps d’aller à la toilette avant de partir dans l’avion? Comment on dit« quelle heure est-il ? » en espagnol? Il faut vraiment que je retravaille mon espagnol…
On va se le dire, voyager en sac à dos, c’est choisir volontairement de laisser une petite place à notre ami l’Inconnu: c’est inviter l’inattendu à entrer dans l’aventure. C’est amusant, c’est fort, c’est excitant… c’est un beau mélange. C’est pourquoi j’ai réuni les plus beaux bordels auxquels nous sommes confrontés dans ces moments de lâcher-prise qui nous rassemblent tous.
source image: Laurence Hamel
Le premier taxi
Oui, ce taxi-là que tu prends et qui cristallise la séparation entre le reste de ta pensée occidentale et le moment présent. Ce taxi avec un sympathique chauffeur qui ne parle pas un mot français et probablement juste deux en anglais. C’est ce qui marque le début d’une grande aventure. Du haut de mon cours d'espagnol niveau 1 du CEGEP, je m’installe avec confiance sur le siège passager. J’écoute, j'observe et je découvre ce nouveau monde.
La langue
Bien sûr, je parle de celle que tu ne maîtrises pratiquement pas. Que ce soit la langue nationale ou bien celle de tes nouveaux amis : s’exprimer dans un vocabulaire d’un enfant de sept ans et mimer le reste avec tant d’enthousiasme que l’échec de compréhension rend ton interlocuteur un peu mal à l’aise, c’est toujours un joli bordel. Posséder seulement quelques mots pour verbaliser ses pensées et sentiments m’ont fait réaliser qu’au-delà du langage, il y a les actions, les gestes, les sourires et les rires qui forgent le vrai contact humain.
Les nouvelles amitiés
C’est comme si en voyage, les amitiés se forment à une vitesse folle. Il faut vraiment le vivre pour le comprendre. Au Québec, tu rencontres une personne, vous vous entendez bien. Puis après quelques semaines, vous allez peut-être commencer à développer une relation de complicité dans laquelle vous allez partager vos confidences. À l'étranger, après deux jours, vous en connaissez beaucoup plus sur l’un et l’autre que plusieurs de vos amis. Il existe une profondeur et une richesse particulières à ces amitiés. En partageant la même passion, vous vous permettez de vous ouvrir sans aucune pression sociale. Qui n’as jamais parlé de grandes questions existentielles, une bonne soirée, dans une auberge jeunesse?
Le transport
Le transport, surtout en Amérique centrale, c’est totalement différent. Un code de sécurité de la route, ça n'existe pas de la même manière! Les « rides de truck » un peu douteuses avec des planches de surf pas toujours bien attachées et passablement trop de monde dans le coffre pour que ce soit socialement accepté au Québec: c’est le quotidien et c’est étonnamment délivrant.
Les nouvelles vagues
Je m'adresse à vous, les amateurs de surf. Une mention spéciale aux inimaginables wipe out, aux turtle roll qui ont échoués, aux « paddle paddle paddle » que tu as tant de fois entendus derrière toi, aux premiers bons breaks que tu passes et que tu as enfin le sentiment d’avoir traversé la zone de guerre jusqu’à ce que tu réalises que tu n’étais pas encore en sécurité et cette vague qui a brisé trop tôt et qui change un peu tes plans…. La mer aura toujours quelque chose de nouveau à nous apprendre. Chaque vague est une nouvelle expérience ou une opportunité de travailler sur la plus belle manière de tomber avec classe.
Enfin, aux moments impossibles à récréer, aux grandes folies, aux chocs culturels et aux beaux bordels.