T'es parti.
T'en avais marre.
T'étais plus capable de tous ces questionnements.
Tu as quitté la maison.
Quand je suis revenue cette journée-là, je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qui t'était passé par la tête pour en finir comme ça. Il faut dire qu'on se chicane souvent, oui. Mais jamais on s'est rendu là. Jamais tu n'as dormi dans un autre lit que le nôtre. Jamais tu n'as dormi loin de moi depuis notre rencontre. Je voyais bien que quelque chose clochait depuis quelques jours. Tu avais quelque chose en tête.
Le mot que tu avais déposé sur la table de la cuisine avant de partir avait le mérite d'être clair. « J'ai besoin de temps ». Tu avais besoin de temps pour vider ta tête et écouter ton coeur. Est-ce que je t'avais trop accaparé? Est-ce que j'étais trop là? Tu allais partir combien de temps? Évidemment, tu ne répondais pas à ton cellulaire. Tu avais besoin de temps. Et moi, j'avais besoin de toi.
Ça a duré trois jours. Trois longues journées à travailler un peu, tourner en rond un peu, faire du ménage un peu, manger très peu, mais penser beaucoup. J'avais beau créer tous les scénarios dans ma tête, aucun n'était satisfaisant. Aucun. Ma vie sans toi n'a pas de sens. Mais si c'est ce que tu voulais, partir, alors il fallait que je me fasse une raison. Tout au fond de moi, j'espérais que tu reviennes. Au moins pour me donner des explications.
Après avoir rongé tous mes ongles. Après avoir nettoyé la maison de fond en comble. Après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps. Après de longues heures dans le bain à réfléchir au lieu de dormir. Je me suis assise dans le salon, sur le sofa que tu aimais tant. J'ai fixé le mur bleu que tu m'avais promis de repeindre, pendant de longs moments. Je me suis mise à réfléchir, à me remémorer nos doux souvenirs. Puis ceux qui étaient moins doux, mais tout aussi importants. Je me suis rappelé de quelque chose de très important. L'amour. L'amour que j'éprouvais pour toi au tout début de notre relation. La passion qui habitait nos regards. C'était tellement beau! Où étaient donc ces étincelles? Après cinq ans d'amour, vient la routine. Et toi, tu étais allergique à la routine. Je ne m'étais pas rendu compte que notre vie de couple était rendu vieille, routinière, sans vie.
Est-ce que c'est parce qu'on ne s'aimait plus?
Puis, tout au loin dans notre rue, je t'ai vu revenir. Revenir comme de la guerre. Les cheveux en bataille et les yeux épuisés. Je suis sortie de la maison et j'ai couru. J'ai couru pour pouvoir te serrer dans mes bras. J'ai couru pour te montrer à quel point tu m'avais manqué. J'ai couru pour ne plus passer une seule minute sans toi.
En plongeant mes yeux dans tes grands yeux verts, j'ai vu. Parce que je te connais. J'ai vu que tu avais trouvé la réponse à tes questions. Je ne voulais pas savoir comment, ni pourquoi. Tout ce qui m'importait à présent c'était que tu sois là près de moi dans la rue où était situé notre toute première maison. Tes yeux versaient quelques larmes. Tes mains cherchaient mes fesses. Tu as approché ta bouche de mon oreille...