Noël: remettre les cadeaux en perspective

Je m’en souviens comme si c’était hier: ce moment d’extase, quand j’étais jeune, où je revenais de l’école et qu’on avait reçu par la poste le catalogue de Noël de Toys'R'Us. Ce moment ultra excitant qui illuminait automatiquement le reste de ma journée.

Au grand désespoir de mes parents, je me mettais à feuilleter, presque euphorique, ce glorieux recueil d'objets, en notant au passage tout ce que je souhaitais avoir en cadeau. Il y en avait, des articles, sur cette liste… Beaucoup trop! Évidemment, si jeune, je n’étais pas encore outillée pour concevoir que l’argent avait une valeur. À cet âge, on s’imagine qu’on peut tout recevoir, que tout ce qu’on inscrit sur notre liste va se retrouver sous le sapin.

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Paradoxalement, je pense qu’un des plus beaux cadeaux que nos parents puissent nous faire, c’est justement de ne pas nous offrir tout ce qu’on demande, comme ça, tout cru dans le bec. Sur le coup, on ne comprend pas pourquoi, à la limite on est déçu. Mais, d’année en année, plus on grandit, plus on est en mesure d’apprécier ce qu’on reçoit. On vieillira en comprenant que ce n’est pas parce qu’on fait une crise pour avoir quelque chose qu’on va nécessairement l’obtenir. En général, plus on avance en âge, moins on reçoit de cadeaux. Je pense qu’on est d’accord pour dire que ce n’est pas le nombre de paquets sous le sapin qui est déterminant de notre niveau de bonheur.

Avec l’âge, on commence à comprendre la valeur de l’argent. Un jour, c’est à notre tour d’offrir des cadeaux, et ce n’est pas toujours évident, surtout quand le budget n’est pas au rendez-vous. On veut à tout prix offrir quelque chose, parce qu’on se sentirait égoïste de ne pas le faire. Mais cette mentalité de devoir acheter… Pourquoi y-est-on autant accroché? Pourquoi est-ce que Noël équivaut par défaut à acheter des cadeaux?

C’est peut-être mon subconscient écologique ou mon aversion envers les tendances à l’achat d’objets inutiles, mais offrir un cadeau juste par principe, parce que tout le monde le fait, je trouve ça absurde. Je ne veux pas avoir besoin d’une date sur le calendrier pour offrir quelque chose. Je ne veux pas me sentir obligée de le faire parce que Jésus est né le 25 décembre. Et je ne veux pas non plus recevoir de cadeaux dont je n’ai pas besoin. Pourquoi est-ce que quelqu’un dépenserait de l’argent durement gagné pour quelque chose dont je ne me servirai pas de toute façon?

Je suis absolument d’accord avec le principe de vouloir faire plaisir, c’est tout à fait louable. Oui, c’est plaisant de recevoir un présent et c’est tout aussi agréable d’en offrir. Seulement, c’est notre tendance à abuser qui me rebute… Surtout dans le temps des Fêtes. On voit gros, on achète de façon impulsive, on exagère, on explose notre budget. Je pense qu’il y a moyen de faire plaisir à ses proches sans tomber dans l’extrême.

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Par exemple, en couple, pas besoin de s’acheter mutuellement un objet pour avoir l’impression de s’offrir un présent. À la place, combinez vos budgets et faites une activité spéciale ensemble: Une fin de semaine à l’hôtel, une journée en ski, un forfait relaxant au spa, un massage, un souper au restaurant, un spectacle d’humour. Trouvez quelque chose qui combine vos intérêts communs et Bingo! Souvenez-vous que les moments partagés ensemble sont infiniment importants, ce sont eux qui composeront vos souvenirs les plus chers... Pas le matériel que vous achetez, et encore moins leur valeur monétaire.

Il y a une mode dans le temps des Fêtes que je supporte très difficilement: Les échanges de cadeaux (Uggghhh). Qu’on se le dise: on n’a absolument pas besoin de ça pour profiter d'un party de Noël réussi. Pour la plupart des gens, c’est loin d’être une partie de plaisir, c’est davantage un fardeau. Ça nous est tous déjà arrivé de courir les magasins à la dernière minute, le jour même de l'échange, pour trouver rapidement un objet quelconque à acheter pour la personne qu’on a pigée.

On finit toujours par acheter un paquet de chocolat "cheap" à la pharmacie sur le chemin avant de se rendre, ou une décoration de Noel dansante qui n’aura plus de batteries d’ici la fin de la soirée. Ton collègue va surement être très reconnaissant de son cadeau…

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« Sois-pas si sévère, c’est l’intention qui compte! »

C’est vrai. Lorsqu’on échange des cadeaux avec des proches, des amis ou de la famille par exemple, on peut effectivement dire que c’est l’intention qui compte. Mais dans une situation où tu piges quelqu’un au hasard et que tu es forcé de lui acheter un cadeau… L’intention est peut-être légèrement moins présente, qu’en pensez-vous?

J'entends souvent des gens qualifier le temps des Fêtes de stressant. Un peu ironique, pour ce qui est considéré par d'autres comme la période la plus joyeuse et festive de l'année. Tournez la situation à votre avantage. La plupart des gens ont des vacances simultanément, c’est donc le moment idéal pour se retrouver et passer du temps de qualité ensemble. Profitez-en! Faites-vous une bonne bouffe, apportez des jeux de société, du vin, du Bailey’s pour le café, c’est suffisant. Vous n’avez pas besoin de plus. Au final, de quoi vous souvenez-vous de vos partys des fêtes? Moi, je me souviens des parties de Cranium, du karaoké avec le jeu de La Fureur (ça ne me rajeunit pas), de mon oncle un peu réchauffé qui fait du ski de fond dans la cour arrière, des fous rires, de toute la famille qui chante des rigodons en jouant de la cuillère.

Les cadeaux, on oublie. Les moments, ça reste gravé. Détendez-vous, profitez au maximum. Ne prenez rien pour acquis, on ne sait jamais ce qui peut arriver, alors de grâce... Vivez le moment présent.

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