nobELLES : lumière sur ces géniES qui ont révolutionné le monde dans l’ombre
nobELLES, ce sont les portraits de sept chercheures qui ont chamboulé notre conception du monde et le boy’s club du domaine scientifique. C’est une exposition-hommage à leur talent jamais reconnu, jamais nommé pour ce qu’il était. nobELLES est une ode à ces grands noms que l’on ne connaît pas. Pour cause : 1,8%, c’est la proportion de femmes ayant reçu le prix Nobel de physique depuis sa création en 1895.
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nobELLES est la célébration qu’elles méritent depuis longtemps.
L’artiste multidisciplinaire MissMe tisse les portraits géants de Katherine Johnson, Mary Jackson, Donna Strickland, Vera Rubin, Jocelyn Bell, Lise Meitner et Amalie Emmy Noether. Gigantesques, en noir et blanc, elles se tiennent droites et fières. La sagesse se devine dans leurs traits. Elles ont déjà tout compris. Les détails ajoutés par MissMe sur ces toiles viennent affirmer le caractère subversif de ces scientifiques badass. Dans un style s’approchant du graffiti, l’artiste de rue met en lumière l’essence subversive de ces femmes ingénieuses. Comme on peut lire sur son site, l’artiste crée du « artful vandalism ». Cette fois, ses œuvres sont exposées au Planétarium de Montréal.
Les immenses portraits, « vandalisés » par les phrases-choc de MissMe, mettent en lumière la grandeur de ces scientifiques et de leurs découvertes, pour la plupart attribuées à leurs homologues masculins ou tout simplement discréditées de leur vivant. Pulsar, fission nucléaire, technique d’amplification par dérive de fréquence… Au dos de ces portraits géants, l’on découvre la vraie grandeur, celle de l’esprit et de ces recherches réalisées avant notre temps avec l’aide de bien moins de technologies. L’on découvre ces exploits faits par des femmes qui ont dû se faufiler, bien malgré elles, dans ce domaine fermé qui ne leur faisait pas de place. Qui ont dû parler plus fort pour être écoutées et, bien souvent, en continuant d’exercer leur rôle de mère, d’épouse, de care. Occupées à comprendre le monde, elles avaient un deuxième emploi prenant, non-rémunéré.
Au dos de ces grandes femmes, l’on découvre d’immenses avancées scientifiques, mais aussi la modestie de ces chercheures : « je ne fais que mon travail », « je ne suis qu’une scientifique passionnée des lasers » ou encore « je ne suis qu’une étudiante, il est normal que ce soit mon directeur de thèse qui récolte la reconnaissance de notre projet ». Derrière leurs portraits, on découvre le poids insidieux d’être femme dans un monde patriarcal. Ce monde qui nous apprend qu’être une femme confiante, c’est forcément être prétentieuse.
Ce qu’ils ne veulent pas qu’on sache, c’est qu’une femme confiante en est une pleine de pouvoir.
nobELLES n’est pas qu’une exposition, c’est un incitatif. C’est une occasion de découvrir ces sept scientifiques révolutionnaires et d’en trouver d’autres. De continuer la lignée, de dresser une liste de femmes physiciennes, médecins, chimistes. D’inventorier celles qu’on a oubliées, car il y en a une foule d’autres. Pour aller plus loin, une série de balados produits par le Planétarium accompagnera cette exposition.
MissMe est connue pour ses œuvres éphémères affichés sur les murs des villes, toujours des femmes, souvent des autoportraits nus et masqués, qui semblent donner force et sensualité à la féminité en dehors des codes de beauté issus du patriarcat. Ses œuvres, sobres en couleurs, expirent la puissance, tout en redonnant ses lettres de noblesse à la colère au féminin. Sur l’une des publications Instagram de la jeune artiste, on peut lire : « To be the muse of men artists is romanticized. To be your own muse is said to be indecent. Be indecent. » Katherine, Mary, Donna, Vera, Jocelyn, Lise et Amalie sont les muses de nobELLES et elles ne sont pas là pour faire joli : elles reprennent leur dû.
Du 27 avril 2023 au 28 avril 2024, laissez-vous inspirer par ces parcours tracés comme des forces de la nature par ces génies et leurs découvertes magiques.
Image de couverture d'Ariane Labrèche