Une nouvelle fois sans convention collective, les éducatrices en CPE ont refusé les dernières offres du gouvernement. La tension monte à la table. Et certains commentaires entendus me font hausser les sourcils. Dans le style que l’on “se pogne le beigne” avec de gros salaires pour juste « garder des enfants » sans travailler à temps plein… Critique culinaire d’une mort annoncée.

« Partout en éducation, la marmite déborde. »

Les éducatrices en CPE font aussi partie de cette brigade. S’occuper de l’éducation d’enfants de 0 à 5 ans, ce n’est pas dl’a p'tite bière. C’est important. C'est exigeant. Les éducatrices doivent jongler avec les besoins de chaque enfant, gérer des groupes dans les faits trop peuplés et répondre aux enfants toujours plus nombreux qui ont des besoins particuliers criants d’urgence. Sans parler des réunions en soirée. Des formations le weekend. De la planification pédagogique bénévole que l’on fait en dehors des heures de travail.

La liste d'épicerie s’allonge et le portemonnaie se vide, car les coutures lâchent, étirées au maximum.

Comparons nos salaires avec ceux d’autres employés de l’État. On s’aperçoit vite que notre travail, qui a un impact direct sur les familles et la prunelle de leurs yeux, n’est pas payé à sa juste valeur. Des preuves ? Un caissier à la SAQ qui place des bouteilles sur les tablettes gagne le même salaire qu’une éducatrice en CPE qui est responsable du bien-être et du développement d’enfants. Et partout, on crie que tout se joue avant 6 ans…

Le cahier de réservations est plein au bouchon

Les représentants syndicaux qui haussent le ton ces jours-ci le soulignent bien. Partout les parents font des pieds et des mains pour trouver une place en CPE. Les besoins sont si criants que de nombreux parents doivent retarder leur retour au travail après leur congé parental. Quel bon pas vers la reprise économique!

Les groupes ont déjà atteint la capacité d’accueil qui permet d’offrir un service éducatif digne de ce nom. Les éducatrices sont à bout de souffle et il faut renouveler le bassin de personnel qualifié si on veut pouvoir offrir de nouvelles places.

Pour attirer de nouvelles éducatrices et les garder en poste, il faut absolument négocier des augmentations salariales et des conditions de travail décentes. La relève n’arrive pas, peu alléchée par des offres gouvernementales au goût fade et les éducatrices doivent mettre les bouchées doubles. Ça ne passe plus. Et ça ne met pas en appétit non plus.

« Le traitement pendant la pandémie mal digéré »

Souvenez-vous. Durant la pandémie, on accueillait les enfants des travailleurs essentiels. Au départ sans protection adéquate et jamais sans prime COVID-19. On était considérées comme un service vital pour que la roue tourne. Hélas, “les anges” attendent toujours le retour du balancier. La recette que leur sert le gouvernement en remerciement des services rendus leur laisse un goût amer…

Les syndicats se battent pour tous

Les négociations syndicales ne concernent donc pas seulement les éducatrices : elles touchent les familles, les employeurs, la population.

Parce que oui, s’occuper de la petite enfance, c’est aussi mettre sur la table un meilleur avenir pour toute notre société.

Espérons donc que le menu soit revu et que l’on sorte les gants blancs. Parce qu’un service 5 étoiles, ça se paie. Et la carte du « Diners Club » est pleine.
Image de couverture de Markus Spiske
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