Lorsque j’étais enfant, mon monde tout entier tournait autour de cette femme qui m’a mise au monde. Elle me faisait rire, me faisait sourire, me nourrissait, me guérissait de ses baisers magiques et m’aimait d’un amour infini. J’avais besoin de ma maman.

Lorsque j’étais préado, j’avais TELLEMENT hâte de vieillir.

Je voulais être grande pour pouvoir faire ce que je voulais. Je voulais me coucher tard le soir, manger des bonbons avant souper et regarder des films qui font peur. Mais, le soir, j’avais besoin que ma maman vienne me donner des câlins de bonne nuit.

Une fois adolescente, j’étais grande. J’avais des amis, des amours, des rêves, je me découvrais. Mais, maudit que j’avais hâte d’être une adulte ! Maudit que j’avais hâte de pouvoir tout décider moi-même et arrêter de me faire dire : « tant que tu vivras sous mon toit, tu vas devoir suivre mes consignes. » Mais, malgré mon envie de me rebeller, quand j’ai eu ma première peine d’amour, j’avais besoin de ma maman.

Une jeune adulte aux études, je découvrais les responsabilités. J’avais un copain, des colocs, des chiens, des chats, des factures et une montagne de devoirs chaque soir. Toutes ces nouvelles responsabilités s’accompagnaient de nouveaux défis, comme… apprendre à cuisiner. Comment on fait cuire ça un poulet entier ? Elle était toujours présente pour m’accompagner dans cette nouvelle réalité. J’avais besoin de ma maman.

J’étais une vraie de vraie adulte maintenant !

J’ai obtenu mon diplôme. Elle était dans la foule à pleurer de fierté. Je me suis acheté une maison. Elle était présente au déménagement. Je me suis acheté une auto. Elle m’a accompagnée la choisir. Je me suis fiancée. Elle était la première à l’apprendre. J’avais besoin de ma maman.

Un test de grossesse positif sur le comptoir. Un mélange d’émotions contradictoires. La fébrilité, la joie, la peur et l’appréhension. J’ai besoin de ma maman.

Je suis à l’hôpital, j’ai mal, mais je suis tellement heureuse en même temps. Je m'apprête à être maman. Je n’ai jamais autant eu besoin de ma maman.

Je la tiens par les mains pour la guider vers ses premiers pas. Ma première pensée : téléphoner ma mère pour lui partager la nouvelle.

C’est la graduation de ma grande fille. Je suis si fière d’elle. Je suis assise à la première rangée avec ma mère, nous pleurons de fierté, ensemble.

L’histoire se répète. Ma fille m’annonce sa grossesse, le visage plein d’inquiétude. Comme l’a fait ma propre mère, je la rassure.

Les années passent.

30 ans plus tard, je regarde mes enfants et mes petits enfants et je suis envahie d’une vague d'amour si forte qu’elle me fait mal.

Je vais sur la tombe de ma mère, je pleure.

Je réalise.

Peu importe l’âge, le temps, l’endroit, les chicanes, les succès et les échecs.

J’aurais toujours besoin de ma maman, même aujourd’hui.
Image de couverture de Raspopova Marina
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