Je souffre de trouble d’anxiété généralisé, de trouble panique et de phobie sociale.

Ça y est, je l’ai dit.

Tu sais, avoir le diagnostic en main, c’est une chose. Le dire à voix autre, l’affirmer publiquement, c’en est une autre.

Ma première crise de panique a eu lieu à 13 ans. J’étais en classe et, tout d’un coup, je me suis mise à éprouver des difficultés respiratoires, à avoir des bouffées de chaleur; bref, cette sensation d’étranglement.

J’ai cru faire une crise cardiaque. J’ai cru que j’étais malade. Jusqu’à ce que je comprenne que ce n’était qu’une crise d’anxiété, que je n’allais pas mourir, que j’étais en sécurité.

Mais ma tête en croyait autrement.

Les chocs vagaux, les congés maladie et les antidépresseurs/antipsychotiques s’en sont suivi.

Car les symptômes physiques de cette pathologie mentale peuvent réellement nous rendre malades et affecter notre quotidien: diarrhée, vomissements et j’en passe.

De nos jours, les gens ont encore beaucoup de difficulté à distinguer le stress de l’anxiété.

Comme me disait ma psychologue,

« Le stress est une réaction normale et saine. Si tu vois un ours entrer dans la pièce, tu dois ressentir de la peur. C’est l’instinct de survie. L’anxiété, c’est de voir l’ours partout. C’est là que ça commence à être un problème […] »

En effet, l’anxiété se caractérise beaucoup par la création de scénarios catastrophiques : si telle ou telle chose arrivait. Puis ça se transforme en un scénario digne d’un film hollywoodien.

Après tout, si je te disais que tu pourrais mourir demain, aurais-tu peur?

Lorsqu’on est anxieux, notre hamster intérieur tourne sans cesse. Nos pensées s’entremêlent. Comme une tempête, tout semble comme la fin du monde.

Or, les probabilités sont toujours très minces.

Avec le temps, j’ai commencé à m’isoler, effrayée par les nouveaux défis de la vie. Une journée quotidienne est remplie d’éléments anxiogènes : la circulation du matin, les collègues ou patrons mécontents, la cuisine, etc. Et tout ça sans parler de nos problèmes personnels qu’il faut masquer de même que nos émotions à longueur de journée.

Je ne te croirais pas si tu me disais que tu n’arrives jamais épuisé à ton domicile, car la vie est comme cela. Elle va toujours trop vite. Tellement que j’ai presqu’envie de te dire que c’est normal de faire de l’anxiété. Ce qui ne le serait pas, ce serait de ne jamais craindre rien.

femme visage anxiété peurSource image: Unsplash

Sauf que souffrir d’anxiété, ce n’est pas simplement d’être stressé pour son examen. C’est une peur constante qui nous accapare, qui nous empêche d’être fonctionnels et qui peut même mener à l’agoraphobie, soit d’éviter des endroits par peur d’une éventuelle crise de panique. Par exemple, le métro, les spectacles de musique avec de grandes foules, etc.

Personnellement, j’ai eu énormément de difficulté à arrêter de craindre une éventuelle crise de panique, une éventuelle perte de conscience, etc. Je me disais toujours que je ne serais pas capable d’affronter la situation qui se présenterait à moi. J’allais à l’épicerie et, subitement, je me mettais à transpirer dans la file d’attente. Comme si la pièce rapetissait, je devais sortir pour respirer, car j’étouffais. Des fois, cela arrivait à l’école. Les gens parlaient autour de moi et leurs phrases n’étaient plus du tout compréhensibles, comme un écho dans la nuit. On s’adressait à moi, je ne voyais rien, je n’entendais rien. J’étais soudainement indisponible. L’été, j’ai essayé d’aller dans des festivals de musique, mais c’était impensable. Chaque fois, je paniquais. La chaleur des autres trop près de moi, aucune issue de secours, trop de bruits…

L’anxiété, ça apporte beaucoup de souffrance, car ça empêche de vivre sainement. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à aller chercher l’aide nécessaire.

Malheureusement, il existe encore beaucoup de préjugés entourant l’anxiété.

Mais personne n’est fou, il y a seulement des incompris.

Lorsqu’on fait une crise de panique en public, on a inévitablement des regards remplis de jugements braqués sur nous ou des questions déplacées. Et c’est lourd, car on a déjà notre personne à gérer. Nous n’avons pas besoin de cela.

Bien que je sois « guérie », encore aujourd’hui, la vie me fait peur.

Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à aller à l’école, à l’épicerie.

Encore aujourd’hui, mon degré de tolérance ne s’étend pas encore aux foules.

Encore aujourd’hui, je suis terrifiée par ma future entrée sur le marché du travail.

Encore aujourd’hui, je panique sur l’autoroute.

Encore aujourd’hui, je me surprends à avoir peur dans le noir.

« Tu ne guériras jamais complètement, mais l’anxiété prendra moins de place. »

« On traversera le pont lorsqu’on sera rendu à la rivière. »

Accueil