Performance quand tu me tiens. Perfection quand tu veux me contrôler. Mais qu’est-ce que ce besoin de tout classer, ordonner, maitriser et organiser dans les petits répertoires de mon cerveau? Qu’est-ce que ce besoin de faire tout ça pour calmer le chaos de mon esprit, apaiser mon quotidien qui bouge et prévoir les imprévus imprévisibles? J’essaie de maitriser mon tourbillon et donner l’impression que je gère ma vie. Posts it colorés, listes de mes listes, cahier bleu, cahier rouge, cahier mauve et leurs stylos assortis. Routine parfaite, horaire qui rend fou, planification planifiée. Je présente en façade une vie lisse et ordonnée alors que mon intérieur bouillonne d’anxiété. J’ai l’air calme de l’extérieur alors que je me sens patauger frénétiquement dans un puits sans fond.
Elle est omniprésente cette peur de déplaire, de ne pas être à la hauteur. Elle fait sa place cette petite voix intérieure qui me demande d’être meilleure, d’être LA meilleure. Je mets les bouchées doubles dans toutes les sphères de ma vie, à la recherche d’une reconnaissance infinie, du regard approbateur, de la petite tape dans le dos ou du clin d’oeil encourageant. Je regarde autour de moi et je me demande si j’ai réussi ou si l’échec m’attend au coin de la rue. J’attends la critique de mon patron, le reproche de ma mère ou les pleurs de mes enfants pour me prouver que je peux encore m’améliorer. Encore une fois, j’ai l’impression de les avoir déçus. Encore une fois je me déçois probablement plus que je déçois les autres.
Je me pose toutes les questions du monde. J’ai besoin de quoi? Je suis à la recherche de quoi au juste? Sentir que je suis importante, parfaite, appréciée, reconnue? Sentir que j’ai de la valeur, que j’ai ma place, que j’ai une raison d’exister? Toutes ces réponses?
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Performance tu fais partie de ma vie, tu es installée bien confortablement et tu attends que je tombe. Tu attends que je m’effondre et que je brise tout sur mon passage. Tu attends que mon corps n’en puisse plus, tu attends que je m’épuise et que je tombe dans le combat que j’ai avec moi-même. Tu me laisse me planter.Tu te dis qu’un jour je vais peut-être comprendre par moi-même. Tu te dis que si je tombe d’assez haut, ça me permettra de faire les prises de conscience nécessaires pour que tu puisses enfin te reposer et te déposer.
Performance tu es nourrie par ma société. Tu grandis, tu grossis, tu prends toute la place dans ma vie, dans nos vies. Tu fais du mal autour de moi, tu m’empêches d’être la personne que je voudrais être. J’essaie de te faire moins de place mais le monde qui m’entoure te permet de t’épanouir. Alors j’essaie de rattraper ma vitesse et de peaufiner ma perfection. Et je m’écroule à nouveau. Je me relève et je me demande comment est-ce que je peux influencer ma société pour qu’elle nourrisse un mode de vie différent. Alors j’me dit un humain à la fois, un texte à la fois, un partage à la fois…