Août est passé. Le mois de ton anniversaire. Et l’automne arrive. Saison de ton envolée vers l’au-delà.

Et comme chaque année depuis bientôt 4 ans, je pense à toi en cette période. Je te sens, tu es là, près de moi.

Tu étais un vrai rayon de soleil. Et tu es retournée d’où tu venais, tu as repris ta place parmi les étoiles.

Trop tôt, peut-être, mais c’est ainsi.

Tu étais un vrai rayon de soleil, mais ta lumière irradiait tellement vers les autres qu’il n’en restait plus pour toi-même. Tu t’es retrouvée dans l’obscurité, convaincue que l’obscurité était désormais ta réalité, la réalité.

Si seulement tu avais su, si seulement tu avais vu. À quel point tu étais belle, lumineuse, vivante. Si seulement tu t’étais vue comme nous tous, nous te voyions.

Tu avais cette joie en toi, que tu communiquais à tous. Avec toi, on se sentait bien, on se sentait accepté. On sentait qu’on pouvait être soi-même, et que tu nous accueillais sans le moindre jugement.

Tu étais toi-même, tu étais libre du jugement des autres.

Tu étais cette personne qui n’avait pas peur du ridicule, qui assumait pleinement sa fougue et sa folie. Et tu ne pouvais que nous inciter à être nous-mêmes, en ta présence. Tu faisais ressortir le beau en nous.

Je t’ai connue dans cette période creuse qu’était mon adolescence, les cours de maths étant si propices aux grandes discussions sur des bouts de papier qu’on faisait circuler dans un taille-crayon. On était si différentes, mais à la fois si semblables. On s’est rejoint dans notre mal-être existentiel de l’époque, avec des personnalités aux opposées, mais on s’apportait un équilibre. J’étais la timide et toi l’extravertie. Je t’admirais tant pour cette force que tu avais d’être toi-même. J’avais envie d’apprendre à être comme ça, moi aussi.

Crois-le ou non, même si c’est à travers des folies et un certain nombre de sorties que j’ai dû cacher à mes parents, tu m’as tellement appris.

Bien plus qu’à caler des shooters et à entrer dans un bar avant l’âge permis. Tu m’as appris à sortir de ma coquille. Tu m’as appris à me libérer de la peur d’être moi-même, de la peur d’être jugée. Oh oui, tu m’as tellement appris. Tu m’as donné une confiance en moi que je n’avais pas. Tu m’as encouragée à oser franchir les limites de ma timidité qui m’empêchait d’être moi-même. Et tu m’as aimée, comme une vraie amie. Tu m’as vue, quand je me sentais invisible. Tu m’as fait le cadeau de ton amitié. Et ce cadeau, ce précieux trésor, je le porte encore avec moi, quinze ans plus tard.

Le temps a passé et nous avons pris des chemins de vie différents.

Tu t’es tranquillement éloignée, de moi, de nous, qui t’aimions et te connaissions vraiment. Alors que tu ne jugeais personne, tu t’es jugée toi-même. Tu t’es mise à l’écart. Malgré nos efforts pour que tu te sentes toujours incluse, aimée, acceptée, tu n’y as pas cru. Tu ne t’en es pas sentie digne. Tu t’es infligé à toi-même des choses que tu ne méritais pas. Tu es tombée dans un monde obscur, celui de la dépendance, de la toxico. À quelques reprises, tu as eu le courage de demander de l’aide. De reconnaître ton mal-être qui prenait de plus en plus le dessus sur toi. On a essayé, comme on a pu, de te faire croire en toi-même. De te donner cette force que tu avais pourtant toi-même donnée à tant de personnes sur ta route.

J’essaye encore aujourd’hui de comprendre pourquoi nous n’avons pas réussi. Pourquoi tu n’as pas reçu le retour de ta propre lumière, qui était vraiment là, au fond de toi.

Mais je sais qu’il n’y a aucun fautif.

Qu’il est vain de chercher à expliquer le pourquoi. Qu’il est inutile de se dire « si seulement j’avais… ». Qu’il ne sert à rien de culpabiliser de ne pas avoir réussi à empêcher ce que de toute façon, personne n’aurait pu empêcher.

À tous ceux qui l’ont aimée, connue, et qui la pleure encore aujourd’hui : ces mots sont pour vous.

Car quand le soleil rappelle à lui ses rayons, il serait fou de vouloir le contrôler, et l’en empêcher.

Maintenant, tu es libre de l’enveloppe qu’était ton corps et qui était devenue ta propre prison.

Maintenant, tu brilles là-haut, comme tu as toujours voulu briller. Tu es mon étoile, tu es notre étoile, de jour comme de nuit, et tu veilles sur nous.

Je t’aime, mon amie. Merci pour tout ce que tu nous as apporté.
Image de couverture via Pexels
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