Vendredi dernier, 17h30, je finis de travailler et j’ai rendez-vous avec une amie de longue date chez elle. J’ai ce petit sentiment de fébrilité qu’on ressent souvent le vendredi avec le début du week-end. J’hésite longuement à y aller en vélo ou laisser mon bolide au CLSC, car le ciel semble incertain. Finalement, je saute sur ma bicyclette et je suis donc heureuse de rouler sur Maisonneuve. Je réalise que mon pneu arrière est intensément mou, mais bon, je ne fais pas trop attention. Il commence à mouiller des petites gouttes et une partie de moi se dit : ouin, j’aurais peut-être dû laisser mon vélo au travail. Mais je me mets à sourire un peu de manière niaiseuse en me disant que tout est une question de perception sur si c’est mauvais ou non moi sous la pluie un vendredi.
Comme si dame nature m’avait écoutée, la pluie devient un peu plus forte, puis carrément le déluge se met à me tomber sur la tronche et j’ai clairement deux options. La première: je me dis que je suis toute mouillée, que ma vie c’est de la marde et je commence à jouer en boucle du Lisa Leblanc dans ma tête en laissant débouler toute la négativité du monde dans mon cerveau. Deuxième option: je mets mes lunettes roses. Ces lunettes qui me permettent de voir le positif de tout, car au final le seul contrôle qu’on a sur la vie, c’est la façon dont on décide de réagir à ce genre de petit ou plus gros événement. Je continue ma route et je suis complètement trempée.
J’ai même une petite trace de bouette dans la craque de fesses de mes jeans, car je n’ai rien sur mon vélo pour empêcher les dits éclaboussements. Je vois la côte Berri arriver, mon pneu mou, la pluie dans ma face, mais c’est comme si mon sourire était à toute épreuve. Je croise un gars en patin à roulettes et je ne peux m’empêcher de pouffer de rire parce que lui, il rush sa vie pour vrai. Avez-vous déjà essayé de monter une côte mouillée en patin? Le gars inconnu m’a regardée et a ri, j’étais contente: mes lunettes roses étaient contagieuses.
Source : Tatiana Frenette-Erazo
En haut de la côte sur Cherrier, entre Berri et le Parc Lafontaine, je croise l’Atelier le Grand cycle, une très belle boutique de vélo et je décide de régler mon problème de pneu mou. Je rentre, j’ai mes lunettes roses, puis je décide de demander s’ils ont un support à vélo pour mettre une caisse de lait sur mon vélo, comme les vrais de vrais Montréalais. Le gars hyper sympathique me répond que oui, il peut me la poser et que ça prend environ le temps de boire une bière. J’accepte, il sourit et me donne une bière que je sirote sur le comptoir pendant qu’il pose mes choses. Je suis sortie de la boutique comme trois fois plus amoureuse de mon vélo.
Tout ça pour dire que dans la vie, tout est une question de comment on décide de réagir. Avez-vous l’impression que, parfois, vous hésitez entre vos lunettes brunes ou roses? Je ne pense pas que ce soit une coïncidence que lorsqu'on décide de sourire à la vie, même si elle nous envoie de la pluie, de la grêle et de la bouette sur les mollets, elle finit par nous renvoyer l’ascenseur. On a du contrôle sur une seule chose au final et c’est notre manière de réagir, de s’adapter.
Avoir eu l’air de bœuf et chialer, je n’aurais certainement pas été moins mouillée ou moins sale. Chaque personne a sa méthode ou sa façon de surmonter les bosses sur sa route, mais je vous le dis, la prochaine fois pensez à moi et mettez vos lunettes roses, la vie vous retournera un clin d’œil, j’en suis certaine.