Maintenant nouvellement maman, ma vie se résume à une multitude d'interruptions et de recommencements.
Une nuit complète n'existe plus, par contre un réveil au beau milieu de la nuit, c'est la coutume. Que ce soit pour allaiter, changer des draps souillés, consoler une des jumelles, ou les deux, prendre la température, donner une dose de Tylenol, redonner la suce ou tout simplement replacer la couverture. Ce cycle se répète une fois, deux fois, dix fois par nuit, pendant des semaines, des mois, des années. Seulement les conditions changent, l’allaitement par un boire au biberon, la suce par un réconfort du monstre dans le placard.
Il est assez fréquent que je mange froid, car j'ai dû me lever au milieu du repas et laisser le contenu de mon assiette refroidir. Pour couper, ramasser une cuillère, redonner une deuxième portion, ramasser la nourriture qui virevolte un peu partout et ce pour la deuxième... quinzième fois. Avec le DME, il arrive souvent que je mange en face d'elles et que je repousse mon repas à plus tard, mais dans quelques mois ce sera les repas à table et ce sera la même chose, en constantes interruptions.
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Il va y avoir des interruptions en cours de discussion palpitante avec mon copain sur le déroulement de la journée ou avec une amie: pour sécher des larmes, bécoter un bobo, changer une couche, redonner un jouet qu'une jumelle a voler à l'autre. Dans quelques années, ce sera la phase du « pourquoi? » qui coupera alors toujours nos élans de discussion. Je le vis présentement avec ma filleule: les interruptions de vie se passent aussi en plein jour pour qu'elle puisse me pointer du doigt un oiseau, un chien, un avion, un tracteur, bref, toute chose qui passe et qui peut être admirée. Il va falloir que je m'extasie devant leur premier ou dixième dessin, construction, bricolage, pirouette, spectacle, etc.
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Je suis interrompue: au téléphone, quand je pense à ma liste d'épicerie, dans ma lecture, quand je texte ou que je fouine sur Internet et même quand j'écris pour Le Cahier. Et je pousse aussi la liste un peu plus loin: quand on fait l’amour, quand je suis au toilette, sous la douche, quand je prépare le déjeuner ou que je cuisine les repas du dîner et du souper, quand je plie la millième brassée de lavage, quand je vide le lave-vaisselle... Bref, dans toutes mes activités du quotidien et ce, en permanence du lever au coucher!
Une fois interrompue, je tente de revenir à ce que j'étais en train de faire, de dire ou tout simplement de retrouver le sommeil après une nuit éméchée.
Le rôle d'une maman, c'est de tâcher de rester focus, patiente et de ne pas s’énerver. Il faut aller jusqu’au bout du projet ou du but initial, envers et contre toutes les interruptions qui se présentent à nous.
Alors il faut admettre que devenir maman, c’est apprendre à s’interrompre, recommencer: une fois, deux fois, trois fois... Bref, à l'infini.