Je vais être très honnête avec vous: je n’avais pas nécessairement considéré me rendre un jour en Roumanie. Ce pays n’était pas dans mon top 10 des pays que voulais visiter prochainement. Pire même: il ne faisait même pas partie des pays que je voulais particulièrement visiter au moins une fois dans ma vie. Si ce n’était d’obligations professionnelles, je n’y serais probablement jamais allé.

Et pourtant, j’ai eu de belles expériences de voyages en Europe de l’Est par le passé. Rien ne m’autorisait donc à laisser de côté cette région du monde qui ne demandait qu’à être explorée.

Cluj-Napoca: la jolie ville universitaire

J’ai commencé mon séjour en cette Europe orientale dans la ville de Cluj. Dès le départ, j'ai tout de suite ressenti le charme des villes européennes: des petites rues et ruelles, des terrasses un peu partout, des bâtiments à la belle architecture. Et c'est justement cette architecture qui m’a le plus frappé: des églises gothiques et baroques qui se côtoient, des tuiles en couleur terre cuite, trait unique des toitures européennes, des bâtiments aux tourelles audacieuses et élancées. Le vieux Cluj ne trompe pas: j’étais bien dépaysé. Pour mon plus grand bonheur. Et à ma grande et agréable surprise? Absolument.

Le Vieux Cluj-Napoca

La ville, reconnue pour ses nombreuses universités, offre à la fois aux voyageurs une belle combinaison et un bel équilibre entre, d’un côté, des lieux culturels à visiter, telles que l’église Saint-Michel et le musée des beaux-arts si vous êtes intéressés par quelques-uns des plus grands artistes roumains; et d’un autre par une vie nocturne qui est assez animée. Ce ne sont pas les bars et restaurants qui manquent à Cluj. Une belle vue panoramique vous attend également du haut de la Dealul Cetatuia (la colline de la forteresse).

À travers la Transylvanie et les Carpates

Pour l’instant d’une fin de semaine, nous avions loué une voiture pour faire un tour à travers les villages et la campagne transylvanienne qui avoisinent les Carpates. Les Carpates, cette magnifique chaîne de montagnes qui commence à partir de l’actuelle Slovaquie et qui décrit un arc de cercle vers le bas, en passant par l'Ukraine, pour se diriger au centre de la Roumanie. Je n’ai pas eu la chance de faire une randonnée au sein de celle-ci, mais leurs silhouettes au loin avec, sur leurs cimes, les neiges éternelles d’un blanc éclatant m’ont définitivement donné envie d’y retourner une prochaine fois.

Nous avons commencé par nous arrêter à la charmante petite ville colorée de Sighișoara, dont le vieux centre est absolument pittoresque, listé même au patrimoine mondial de l’UNESCO. La Turnul cu Cea (Tour de l’Horloge) est immanquable, ainsi que la forteresse qui protégeait l’ancienne ville. L'ascension de la Scara de lemn din Sighișoara (l’escalier des Écoliers), datant du XVIIe siècle, permet d’avoir une vue imprenable sur la ville. Au sommet de la colline escaladée se trouvent l’église Saint-Nicolas et l’ancien cimetière saxon.

La Tour de l'horloge à Sighișoara

Le lendemain, nous nous sommes dirigés vers la ville un peu plus imposante de Brașov. Au sein du vieux centre historique, qui est d’ailleurs tout aussi joli que celui de Sighișoara, se trouve la particulière Biserica Neagră (l’église noire), à la fois imposante et paisible, dont ses cloches retentissent chaleureusement à travers la ville. Les locaux préfèrent de loin Brașov à Sighișoara: de mon côté, je ne suis pas arrivé à les départager tant les deux m’avaient fait plaisir.

Puisque vous êtes dans le coin, non loin de ces deux jolies villes se trouvent deux attractions à ne pas manquer. La première, en route vers Sighișoara à partir de Cluj, la Salina Turda (mine de sel Turda). Cette ancienne mine de sel, la première que je visite dans mon cas, est bien spectaculaire. Elle vous mènera dans les entrailles de la Terre, à plus de 1km de profondeur. Les couleurs, la présence de sel partout, l’humidité régnante, cet environnement a quelque chose de magnétique: on se croirait dans une autre planète.

La Salina Turda

La seconde visite, et non la moindre, est celle du Castelul Bran (château de Bran), situé à trente minutes de route de Brașov. Selon la légende, ce château a été la résidence de Vlad III l'Empaleur, personnage qui a inspiré le très célèbre Dracula que l’on connaît tous. Même si la visite de l'intérieur du bâtiment laisse quelque peu sur notre faim, la route vers celui-ci et la vue de son aspect extérieur en vaut largement le détour.

Le Château de Bran, ou le château de Dracula selon la légende

Bucarest: capitale en transition

Après avoir passé quelques heures en train à travers le pays en direction sud, nous arrivons à Bucarest, capitale du pays.

Pour pouvoir apprécier proprement cette ville, il faut la visiter avec le bon état d’esprit et y aller avec la bonne perspective. La comparer à Budapest ou à Varsovie par exemple ne servira à rien, si ce n’est que de porter une certaine déception à votre visite. Car effectivement, avec les bâtiments délabrés qui sont parsemés un peu partout à travers la ville, n’importe quel voyageur serait vite désenchanté.

Et pourtant, si vous prenez la peine de passer mentalement par-dessus ces premières apparences et impressions, vous allez découvrir plusieurs trésors qui vous feront regretter les idées que vous aviez eues jusqu’à alors. En commençant par l'église du monastère Stavropoleos qui, avec ses dorures resplendissantes surtout en soirée, vous transportera dans une douce rêverie vers des temps lointains à la manière des contes.

Un peu plus loin sur la même rue, vous tomberez sur le magnifique Caru' cu Bere, un restaurant au décor intérieur impressionnant et au sein duquel vous allez pouvoir déguster, au rythme d’une belle ambiance, quelques mets typiques roumains, dont le fameux dessert traditionnel du pays, le papanași. Si vous faites attention à vos calories ingurgitées, je ne vous le conseille pas!

Le fameux dessert papanași

Le Caru' cu Bere à Bucarest

Le musée national d’art de Roumanie, malgré la mise en valeur des tableaux qui laisse quelque peu à désirer, vaut néanmoins le détour. Le musée possède une très grande collection d'œuvres de peintres roumains, dont ceux de Nicolae Grigorescu. L’autre musée à ne pas manquer est le musée du Village roumain, véritable reconstitution en plein air des villages et de la vie rurale du pays.

Mais si vous voulez absolument comprendre la Roumanie d’aujourd’hui, rien ne vaut que de vous procurer une visite guidée de la ville, notamment le vrai tour du communisme. Cette visite à pied qui dure plus de trois heures, avec une halte à mi-chemin histoire de prendre un petit verre, vous fera parcourir le centre de la ville et vous remontrez ainsi le temps à travers les histoires et anecdotes des bâtiments et quartiers qui sont empreints du sceau du communisme. Cette époque communiste dura plus de quarante ans au pays. La Roumanie a possédé un des régimes communistes les plus durs, régime qui a marqué plusieurs générations de Roumains. Des marques qui se font malheureusement encore ressentir aujourd’hui.

Pourquoi j’y retournerai?

Car suite à mon voyage, il ne fait aucun doute qu'un jour j’y retournerai. Autant pour visiter ce que je n’ai pas pu, tel le Parlement de Bucarest, deuxième plus grand bâtiment au monde et le plus lourd également, ou pour visiter le château de Peleș, ou encore pour faire quelques randonnées dans les vallées de la Transylvanie. Et plus que tout, le plus important même, pour profiter de la générosité et de la chaleur des Roumains. C’est ce qui m’a le plus marqué lors de mon séjour en Roumanie.

Accueil