Salut! Ça va? Aujourd’hui, je te parle des raisons qui m’ont poussé à tout lâcher de ma vie actuelle pour devenir...comme un sans-abri. Pour vrai, le terme est fort, mais c’est à peu près c’que je suis ; j’ai juste une bonne somme d’argent dans mon compte de banque afin de subvenir à mes besoins pendant ma longuuuuuuue remise en question sous la chaude Californie, à San Diego, plus précisément.
Par contre, je n’ai pas grand-chose d’autre.
Crédit : Kven Efimero
Donc, tu ne le sais pas, mais j'essaie toujours de tout relativiser dans la vie. Parce que rien n'est tout blanc immaculé ou tout noir de jais. Parce que la chose la plus grave à nos yeux peut paraître dérisoire, placée sous un autre regard. Puis, parce que tout est temporaire. Par contre, c’est ça, on me qualifie de dramatique lorsque je la relativise, la vie, lorsque je la minimalise à sa plus simple expression, aussi. Faut dire que j’ai appris à la voir d’une manière que peu de gens parviennent à la voir. Ainsi, ma vision d’elle peut parfois brusquer certaines mentalités. J’te dis ça parce que depuis un an, je dirais, je ne suis plus en mesure de la relativiser, dans le sens que je ne la comprends plus, qu’elle me fâche / déçoit plus qu’autrement, et ce, peu importe les revirements de situation que je tente de lui faire subir. Y’a comme un blocage dans ma vie. Un orage constant qui gronde fort. Alors, pour remédier à la situation en quelque sorte, j’ai prévu, en décembre dernier, de mettre ma vie en suspens. Pour qu'elle puisse me montrer toutes les avenues possibles et qu'au bout d'un certain temps, j'en choisisse une et seulement une. L'esprit reposé et libéré de toutes contrariétés puis loin de toutes stabilités parfois étouffantes. Ce moment de suspens arrive à échéance sous peu, soit dans quelques jours, soit pas mal au moment où tu lis ces lignes.
Je n’ai donc plus de logement fixe et je ne sais pas quand j’en aurais un de nouveau. Je n’ai plus de contrats qui me lient à une compagnie cellulaire. Je n’ai plus de cartes de crédit depuis des années. Je n’ai plus d’entrées d’argent aux deux semaines pour m’assurer une stabilité financière.
Je n’ai que seule envie : d’être en vacances, de me la couler douce sous le soleil et de me retrouver, aussi cliché que cela puisse paraître.
En fait, on peut dire que j'arrive à un point où je ne sais plus trop ce que je veux pour mon avenir. Ce n'est pas une impasse, ce point en question, mais plutôt un labyrinthe qui me présente trop d'alternatives pour c’qui est de la suite. J'ai un talent pour tout ce qui est artistique, mais je ne suis peut-être pas destiné à être artiste ? Je fuis les hôpitaux comme s'ils étaient incubateurs de la peste, mais peut-être que je suis né pour être infirmier ou médecin ? À trop m'entêter à faire ce qui m'semblait la chose à faire, à trop vivre loin des normes préétablies, à trop m’éparpiller dans une myriade de projets, peut-être que j'ai emprunté un faux raccourci qui ne finit jamais d'aboutir quelque part. Lost in nowhere, comme. C'est sans doute la crise de la trentaine qui se pointe avant son temps. Je n’pourrais pas dire.
Et je te l’avoue, je ne sais plus grand-chose.
Dans le fond, tout c’que je sais, c'est que je pars pour la Californie dans moins d'un mois, avec un seul billet en poche. Pis je reviendrai, si j'ai à revenir, lorsque je saurai c’que la vie voulait me faire découvrir et lorsque mon avenir rapproché sera aussi limpide que de l'eau douce.
Plus rien de brumeux. Ciel azur à perpétuité.
Crédit : Kven Efimero
Je suis libre comme l'air, d’ici là. Ou presque. Je ne peux quand même pas me départir de tout ce que la société nous oblige. Je ne peux quand même pas faire des trucs légaux, même si les frontières me paraissent assez inutiles. Au moins, je suis assez libre pour dire que je vagabonderai de moment à moment, de minute à minute et de temps à temps, sans aucune pression. Juste avec l’idée en tête de vivre le moment présent et d’étudier ce que la vie a à m’apprendre. Puis, comme je ne saurais même pas ce que je ferai le lendemain de chaque journée, ni vraiment où je vivrai la semaine suivante, tout sera alors possible. Tout. C'est déjà censé l'être pour chaque personne, les infinies possibilités, mais quand une routine et des balises parsèment notre vie, y'a de ces possibilités qui se perdent, c'est sûr. Ça revient un peu à dire : « Ah je ne gagnerai jamais à la loterie voyons, c'est rêver en couleurs d'y croire.» alors que les seuls billets qu'on gratte sont ceux qu'on nous offre. Ça diminue considérablement les chances, mettons, de gagner ou dans mon cas, d'expérimenter ce qui pourrait me plaire et surtout, me complaire, me rendre complet. Fait que, c'est ça, avec ce trip sur la côte ouest, je me donne ainsi toutes les chances de me retrouver, mais aussi de retrouver le sens que ma vie a peut-être déjà eu, celui que je n'ai jamais vraiment pris la peine d'apercevoir. Cela, sous les palmiers. Près de l’océan qui a le don de m’apaiser.
Crédit : Kven Efimero
Est-ce que j'ai peur? Si je n'avais pas ressenti cette émotion avant mon départ, il n'y en aurait jamais eu de départ. Mais il s'agit d'une peur positive. La peur, lorsqu'elle n'est pas rouge sang, nous alimente et nous met dans des situations qui nous font évoluer en tant qu'humains, nous fait grandir vers quelque chose de meilleur.