Je connais plusieurs succès en amour.
Après avoir fait mon épicerie pendant un an au même endroit, j'ai finalement réussi à faire un eye-contact avec le beau grand brun du IGA. Chaque deux semaines, je vais m'acheter de la bouffe, parfois utile et parfois par simple prétexte de voir tes beaux yeux bleus.
Et quand tu n'es pas là, j'ai tellement mal. Je suis en peine et plus rien n'a d'importance à présent.
Je regarde brusquement chaque allée, poussant tout sur mon passage, en me convainquant que tu y seras, plaçant les boîtes de conserve. Mais pourtant, il n'y a que neuf rangées, pourquoi ne te vois-je donc pas ?
Je me souviendrai toujours de notre première conversation, oh quel délice ce moment fût !
De la fois où tu m'avais dit «band-aid» si sexuellement parce que mon orteil saignait après qu'une fille m'ait marché sur le pied avec ses grands talons aiguilles, dans la rangée des pâtes alimentaires. Mais aussi parce que j'avais dit «pansement» et que je ne savais pas que tu étais un grand étalon originalement anglais.
Tu es anglais et moi je french kiss mon baby.
Pis quand tu m'as proposé tes grands muscles veinés, en dessous de ton chandail IGA, pour m'aider à transporter mes deux gros sacs lourds d'épicerie :
-You sure you don't need help to carry this home ? (tellement fucking romantique, je l'sais)
Parce que quand je les ai ramassés, j'étais tellement sous le charme que mes bras se sont laissés tombés (surtout aussi parce que 100 piasses de bouffe c'est lourd en criss) pis j'espérant que tu n'allais pas trop regarder ma démarche akward, la démarche d'une fille affamée et qui porte des sacs terriblement lourds.
Lourds d'amour, certes.
Pis je me suis retournée à la sortie, regardant tes grands yeux éparpillés de bonheur que je n'ai même pas vu la porte et que je l'ai frôlée et ma face a glissé sur la vitre, comme si c'était toi.
Source : reactiongifs
Et à chaque fois que j'y retourne et que nos regards se croisent, j'ai toujours mon paquet de poivrons pour cacher mon visage timide et rouge.
Source : giphy
Et à toi, bel homme, quand je marche pour revenir à la maison avec ces fameux sacs d'épicerie, je m'imagine toujours que tu viendras vers moi, à pas de course et que tu me diras de grâce :
-Yo, wanna be my girlfriend ?
Et je vais faire semblant de ne pas être intéressée, juste pour te taquiner et je finirai par te dire haut et fort :
-My love, we cannot be together, you know our parents will never accept it !
Et tu te mettras sur tes genoux, agrippant ma nouvelle robe de chez Zara, me suppliant de t'accorder cette chance.
«Madame ?»
Et que tu te lèveras, tu prendra mes sacs et tu les jetteras par terre, avec tant de séduction et de feu.
«Madame, allô ?»
Tu m'attraperas sauvagement par la taille et tu me regarderas dans les yeux, exactement comme moi quand je regarde mes pâtes : avec tendresse et amour.
Et soudain, tu t'approcheras de moi et déposer tes lèvres sur les miennes. Je peux sentir ton battement de coeur, ta respiration...
«Madame si vous n'êtes pas prête à passer laissez le client derrière aller avant vous, s'il-vous-plaît ?»
(Non mais ta gueule, s'il-te-plaît ?)
Je regarde autour de moi en essuyant ma bave, de retour à la réalité à la caisse, bien déçue.
-Ahhh fuck. Me dis-j'en tapant sauvagement du pied.
J'ai faim d'amour, mais j'pense que ça serait juste plus simple que j'me fasse des pâtes.
Mais d'ici là, j'suis en couple avec le célibat, jusqu'à ce que l'amour nous sépare.
Source de l'image de couverture : Tomi Um