J'ai une grosse confession à faire. Il faut que ça sorte: j'ai une relation amour-haine avec les réseaux sociaux. Une relation malsaine, mais une relation que j'entretiens. Et j'crois que je ne suis définitivement pas la seule là-dedans. Actuellement, à l'heure où je commence ce texte, j'ai présentement 777 followers sur Facebook. 97 personnes likent ma photo de profil que j'ai changée hier et j'ai maintenant plus de monde qui me suivent sur Instagram que de personnes que je follow moi-même. Mais je pourrais être dans la même situation, même si j'avais 28 amis et 3 personnes qui me donnent de l'attention sur chacune de mes publications.
Je n'ai pas toujours vécu avec Facebook/le web 2.0. Je fais partie de cette génération qui ne textait pas en cours avant le secondaire 5, simplement parce qu'on n'avait pas de cellulaire ou de forfait illimité et de 3G. 250 messages textes par mois, au début, ça me suffisait amplement. Quand l'abondance d'informations et de désinformations nous a été présenté, j'crois pouvoir parler au nom de pas mal de gens pour dire qu'on s'est pitché dedans comme on plonge dans une piscine à 30 degrés l'été: la tête première, sans hésitation.
Source: jaquory_lunsford
Pis on dirait que récemment, je suis revenue à la surface. Je suis sortie de cette bulle qui m'assourdissait et je me suis rendu compte de l'éphémérité de toute la situation dans laquelle on s'était mis: la quête des likes. Se valoriser à l'attention et la (fausse) signification qu'un like/follow peut vouloir dire. Se laisser croire qu'une personne care parce qu'elle est un serial liker, comme si ça suffisait comme attention, comme preuve que tout allait parfaitement bien.
"Ayoye. 250 likes sur chacune de ses photos" comme si ça voulait dire quelque chose, comme si ça importait vraiment, quand on y pense.
J'ai réalisé ça un soir que je postais justement une nouvelle photo de moi, pour m'occuper (presque). À ce moment-là, c'est comme si ça m'avait dit que chaque like devait me rendre un peu plus heureuse, alors que chaque nouvelle notification me rappelait simplement qu'il ne me restait que ça pour booster ma confiance en moi. "93 likes, 34 nouveaux followers aujourd'hui " Cool? Je ne comprends pas plus. Même si vous me dites que c'est un petit "Bravo" ou "T'es belle" pour chaque like, c'est aussi un "T'es belle, continue de l'être parce que sinon, on n'aurait pas eu d'interaction aujourd'hui, toi et moi." C'est pas censé être aussi significatif, j'trouve.
Source: jaquory_lunsford
Les personnes qui comptent pour moi, je peux leur parler quand je le veux. Je ne leur parle pas nécessairement à chaque jour, mais je n'ai pas besoin d'un prétexte non plus, pour savoir que je compte pour eux. Oui, les réseaux sociaux ont beaucoup d'avantages de nos jours et je ne cesserai clairement pas de les utiliser après avoir terminé ce texte. Ça sort de l'isolement un tas de gens, mais il ne faut pas oublier que ça en isole certains autres. Faudrait reconnaitre nos limites, comme dans tout. Parce que si l'eau me raffraichit et semble me faire du bien dès que j'y plonge un orteil, si je n'en sors pas, j'risque de me ramasser le souffle court.
Faut savoir décrocher, aussi. Trouvez vos limites, guys.
Source photo de couverture: Alexisren