On dit souvent qu’il faut être fier dans la vie, et de ne pas hésiter à faire connaître de tous les raisons d’une telle émotion en nous. Autant par nos accomplissements personnels, que par ce que notre entourage nous inspire comme fierté. Qu’il ne faut pas hésiter à extérioriser ce qui nous rend confiants ne serait ce que pour ne pas se faire  « écraser » par les autres.

Donc si je devais regarder ceci d’un œil purement objectif, ce ne sont pas les éléments devant me remplir de fierté qui manquent dans ma vie.

Il y a tout d’abord mes parents.

Deux vies pleinement consacrées à ma sœur et moi. Deux personnes qui ont dû laisser de côté une bonne partie de leurs rêves afin de pouvoir nous procurer tout ce dont on avait besoin. Et même plus. Deux vies, où le nombre de sacrifices qu’ils ont dû faire ne se compte plus, et dont aujourd’hui ils en payent quelque peu le prix, puisqu’ils se sont rendu compte qu’au fil du temps ils se sont quelque peu oubliés. 

Puis il y a ma petite sœur. Ma petite sœur qui passe aujourd’hui une bonne partie de ses journées à guérir des malades. Parfois ses interventions sont banales. Souvent elles sont décisives. Surtout, elle apporte à ses patients tout ce qu’il faut pour qu’ils puissent poursuivre leur vie de la manière la plus normale possible. En plus de cela, elle est une jeune mère de famille. Et très bientôt deux fois plutôt qu’une. De nos jours, il n’est pas évident d’être à la fois carriériste et mère de famille attentionnée. Et cependant elle y arrive.

Il y a également mes amis. Particulièrement mon meilleur ami, qui a décidé de se lancer à son compte alors qu’il n’avait pratiquement plus un sou, et qui aujourd’hui ne se soucie pratiquement plus de l’argent (du moins pas pour les mêmes raisons !). Ou encore mon ex, aujourd’hui mère de deux enfants, et qui, pour passer le plus de temps de qualité possible avec eux, a décidé de se recycler professionnellement en changeant complètement de carrière pour un boulot beaucoup moins payant. Autant pour mon meilleur ami que pour mon ex, il a fallu une bonne dose de courage pour faire les choix qu’ils ont fait.

Si je regarde plus du côté de mes accomplissements plus personnels, la complétion d’études universitaires entre, j’imagine, dans cette catégorie.

Beaucoup d’entre vous diront que le diplôme d’ingénieur n’est pas des plus faciles, et ils ont probablement raison. Ou bien de retourner aux études deux ans plus tard pour un autre diplôme universitaire en gestion. Ou bien de retourner une autre fois aux études dix ans plus tard pour une maîtrise en développement durable. Bien entendu, j’adore apprendre. Mais n’empêche, de retourner à l’école après dix ans, alors que je n’étais pas vraiment obligé de le faire (mon employeur ne me le demandait pas), demande quand même une certaine volonté.

Mes réalisations professionnelles ne doivent probablement pas être négligées aussi. Plus de dix ans maintenant au sein de la même entreprise. Entreprise ayant grandi avec elle. Entreprise où j’ai surtout pu créer une équipe qui au début n’était composée que de moi. Équipe dont aujourd’hui la taille est d’une douzaine de membres. Je devrais probablement étaler cet aspect sur mon CV.

Cette liste n’est certainement pas exhaustive, mais je vais m’arrêter ici. D’ailleurs, à quoi bon poursuivre ? Est-ce que la lecture de ces « exploits » vous a vraiment plu ?

En fait, je n’ai jamais vraiment cru à cette idée où il faut clamer haut et fort à tout le monde ce qui nous rend fiers.

Plus souvent qu’autrement, cette attitude ne fait que créer des frictions. Ces élans de vanité et d’orgueil sont propices à l’éclosion de sentiments tels que la jalousie, l’envie, ou encore la résignation. Du moins c’est ce que j’ai appris au fil de mes expériences.

Cela étant, je ne suis pas naïf non plus. Si nous ne sommes pas au minimum fier de ce que nous accomplissons dans notre vie, sans cette force motrice, évoluer nous sera plus difficile, il en va de même avec ce qui nous ne rend pas fier, du moment que nous prenons la chose de manière constructive. Aussi l’amour-propre, et une certaine dignité, sont nécessaires si on veut éviter que les gens abusent de nous, et si on ne veut pas perdre une certaine dose de notre identité au détriment de celle de l’autre.

Alors à la question quelle est ma plus grande fierté, ma réponse sera en fonction de la personne qui me la pose. Le plus important, c’est d’être conscient de sa propre valeur, tout en faisant preuve de délicatesse envers l’autre. Ce qui implique de chercher à le connaître.

Finalement, c’est lorsque je trouve cet équilibre que je suis fier de moi. 

Image de couverture par Florian Schmetz
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