Pour vous mettre en contexte, j'ai donné la vie à mon garçon le 9 novembre 2019. Après un travail de dix heures sans péridurale et un accouchement parfait, les battements de cœur de mon garçon se sont mis à baisser. J'étais sur la ligne d'arrivée, en pleine poussée, ouverte à dix!
On m'a demandé de pousser sans quoi je perdais mon garçon. Après trois bonnes poussées, en vain, incluant des instruments pour aider a sortir le bébé: « césarienne d'urgence! Madame Lafleur, nous allons vous endormir! Nous allons le perdre. »
Ce fut un sentiment que je ne pourrai jamais décrire. Échec. Peur. Inconnu. Que se passe-t-il? Mon bébé va-t-il survivre?
En arrivant à la salle d'opération, la gynécologue dit: « c'est étrange, le cœur a repris un bon rythme! Madame Lafleur, nous allons vous faire une rachidienne! »
La peur me prend. Avec mes contractions aux vingt secondes, je demande à l'anesthésiste de m'endormir, car j'ai mal et je n'en peux plus. « Madame Lafleur, ce sera une rachidienne! Vous endormir serait trop risqué! Croyez-moi sur parole. » On m'installe sur la table d'opération et me met la rachidienne entre deux contractions. Rien senti. Pendant la césarienne, je demande aux infirmiers d'aller chercher mon conjoint dans la chambre. Étant sous antidouleurs et sous rachidienne, mon corps tremblait et je n'arrivais pas à gérer ces tremblements.
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Wainnn!
J'entends les pleurs de mon garçon, mais ça me prend 3-4 secondes avant de réaliser que c'était fait. Xavier était parmi nous!
C'est moi qui a fait ça! C'est moi qui a créé ce bébé-là!
Les infirmières me regardent comme si j'étais dérangée. Je les remercie d'avoir sauvé mon bébé! Mon conjoint rejoint le bébé et le prend dans ses bras. « Un beau 7 livres 15 pour 19 pouces et ¼ ».
Je regarde son visage adorable et enflé. Je n'arrive pas à voir à qui il ressemble à ce moment. C'est là que j'ai compris que l'amour d'une mère était puissant. Je suis tombée en amour!
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Après la césarienne, on m'a envoyée à la salle d'éveil, où j'ai donné mon sein pour la première fois, puis à ma chambre.
Les trois jours qui ont suivi ont été éprouvants. Mes proches sont venus me voir le lendemain, j'étais sous soluté et je portais une sonde pour uriner. J'étais épuisée. En fin de journée, je pleurais en silence entourée des parents de mon chum.
En sortant de l'hôpital, ma guérison fut assez difficile, que ce soit physique ou mental, car, suite à mon accouchement, la gynécologue en charge m'a dit: « malheureusement, un AVAC (un accouchement vaginal après césarienne) ne sera pas possible. Votre césarienne n'a pas bien été.
J'ai alors eu un deuil à faire. Je n'accoucherai plus à voie basse. Cinq mois après mon accouchement, j'ai encore des images et des mots précis: «on va le perdre! Madame Lafleur, vous êtes tellement forte! Vous êtes tellement calme!»
Derrière cette force silencieuse, j'étais une vraie tornade intérieure.
Aujourd'hui, cinq mois plus tard, j'ai peur d'avoir un deuxième enfant. J'ai peur de souffrir encore plus. J'aurais voulu un AVAC. Avec mon fils, j'étais sur la ligne d'arrivée.
Ce texte n'est pas pour effrayer les femmes enceintes, loin de là. C'est pour m'exprimer et retirer les tabous! La césarienne est éprouvante, mais on en ressort plus forte.
Soyons fortes. Soyons des mamans, à voie basse ou non!